Interview de Hama Amadou sur R.F.I.
Par : Oumarou Keïta 11/22/2002
Interview de Hama Amadou sur R.F.I.
“Je suis le seul représentant de la région Ouest..."
Le Premier ministre Hama Amadou est en Europe depuis le 15 novembre. Flanqué du seul ministre des transports, le premier ministre est parti à la rencontre des partenaires au développement, selon le communiqué officiel publié par les médias d'Etat.
Mais contrairement à ce qui a été dit officiellement, les nigériens ont remarqué que Hama Amadou s'est largement répandu sur les médias occidentaux, au point où certains ne se font pas prier pour conclure à une campagne de marketing politique. Cela se passe selon une habitude forgée et entretenue sous nos latitudes€: une gouvernance qui débouche sur du pataquès ne peut être justifiée et réglée qu'outre atlantique. En vérité, c'est une visite privée puisque Hama a pris part au congrès constitutif du nouveau parti Chiraquien, l'Union pour un Mouvement Populaire (UMP), un pôle de concentration des formations politiques libérales de France.
Sur Radio France Internationale, lundi 18 novembre, le Premier ministre est opportunément revenu sur les mutineries militaires de juillet-août derniers. Il réaffirme que les revendications des soldats étaient d'essence politique : ils ont exigé le limogeage du chef d'Etat major des armées et la présence sans délai du Premier ministre à Diffa.
Est-il justifié que Hama continue à clamer le caractère politique des revendications des mutins (ce qu'ils ne reconnaissent pas), à moins que la cause pour ces infortunés n'ait été déjà entendue, d'autant qu'il y a une enquête «€en cours€»€? Seule, en principe, cette enquête qui ne finit pas ou qu'on refuse de publier, pourrait permettre à tous d'être fixés sur les motivations réelles de ces soldats. Cette enquête, selon Hama, montera à la source et mettra à jour toutes les ramifications, allusion certainement faite à la responsabilité supposée des hommes politiques, surtout de l'opposition. Pour ces soldats mutinés, la sentence est claire€: ils passeront devant un tribunal militaire, qu'il a tenté de dissocier d'une justice d'exception.
Sur l'armée, Hama dément légèrement le point de vue de l'opposition qui a dénoncé récemment sa mutation progressive en milice au service d'un parti. Et non son ethnicisation, comme certains pourraient l'interpréter. En outre, de tous les membres du conseil supérieur de la défense nationale, il est le seul représentant de la région Ouest, a t-il soutenu. Affirmation grave. Quelqu'un d'autre l'aurait faite, il serait très vite taxé de «régio- naliste». Cette institution est un cadre consultatif qui n'obéit pas à une répartition tribale des sièges. Cette affirmation ouvre les yeux sur la qualité du discours politique dans les arcanes du pouvoir.
Hama se déclare comme le seul représentant de l'Ouest, au sein du Conseil supérieur de la défense. Etre représentant, c'est avoir une délégation de pouvoir, un mandat pour parler et agir au nom de. A t-il été mandaté par la région Ouest€? A travers ces propos que certains jugent déplacés, ne conforte t-il pas la thèse de la tribalisation du pouvoir dont on parle sou- vent€? Représente t-il l'Ouest partout au détriment des autres pans du pays€? Ces propos de Hama méritent qu'on les considère avec gravité. En effet, c'est pour la première fois qu'un homme politique nigérien, de surcroît un chef du gouvernement s'identifie à une région, au demeurant multiethnique, lui qui est président d'un parti d'envergure nationale. Chacun a bien sûr une origine mais tous se gardent de se réclamer de telle tribu, telle ethnie ou telle région. On se rappelle que sur la base de simples soupçons de propos ethno-régionalistes, Sanoussi Jackou, Abdoulaye Tiémogo et Abarchi Magalma avaient été jetés en prison, en mai dernier, avant que la justice ne les lave. Hama, en raison de sa position institutionnelle peut dire qu'il est représentant d'une région du Niger dans un organe de la République sans que rien ne se p
Interview de Hama Amadou sur R.F.I.
“Je suis le seul représentant de la région Ouest..."
Le Premier ministre Hama Amadou est en Europe depuis le 15 novembre. Flanqué du seul ministre des transports, le premier ministre est parti à la rencontre des partenaires au développement, selon le communiqué officiel publié par les médias d'Etat.
Mais contrairement à ce qui a été dit officiellement, les nigériens ont remarqué que Hama Amadou s'est largement répandu sur les médias occidentaux, au point où certains ne se font pas prier pour conclure à une campagne de marketing politique. Cela se passe selon une habitude forgée et entretenue sous nos latitudes€: une gouvernance qui débouche sur du pataquès ne peut être justifiée et réglée qu'outre atlantique. En vérité, c'est une visite privée puisque Hama a pris part au congrès constitutif du nouveau parti Chiraquien, l'Union pour un Mouvement Populaire (UMP), un pôle de concentration des formations politiques libérales de France.
Sur Radio France Internationale, lundi 18 novembre, le Premier ministre est opportunément revenu sur les mutineries militaires de juillet-août derniers. Il réaffirme que les revendications des soldats étaient d'essence politique : ils ont exigé le limogeage du chef d'Etat major des armées et la présence sans délai du Premier ministre à Diffa.
Est-il justifié que Hama continue à clamer le caractère politique des revendications des mutins (ce qu'ils ne reconnaissent pas), à moins que la cause pour ces infortunés n'ait été déjà entendue, d'autant qu'il y a une enquête «€en cours€»€? Seule, en principe, cette enquête qui ne finit pas ou qu'on refuse de publier, pourrait permettre à tous d'être fixés sur les motivations réelles de ces soldats. Cette enquête, selon Hama, montera à la source et mettra à jour toutes les ramifications, allusion certainement faite à la responsabilité supposée des hommes politiques, surtout de l'opposition. Pour ces soldats mutinés, la sentence est claire€: ils passeront devant un tribunal militaire, qu'il a tenté de dissocier d'une justice d'exception.
Sur l'armée, Hama dément légèrement le point de vue de l'opposition qui a dénoncé récemment sa mutation progressive en milice au service d'un parti. Et non son ethnicisation, comme certains pourraient l'interpréter. En outre, de tous les membres du conseil supérieur de la défense nationale, il est le seul représentant de la région Ouest, a t-il soutenu. Affirmation grave. Quelqu'un d'autre l'aurait faite, il serait très vite taxé de «régio- naliste». Cette institution est un cadre consultatif qui n'obéit pas à une répartition tribale des sièges. Cette affirmation ouvre les yeux sur la qualité du discours politique dans les arcanes du pouvoir.
Hama se déclare comme le seul représentant de l'Ouest, au sein du Conseil supérieur de la défense. Etre représentant, c'est avoir une délégation de pouvoir, un mandat pour parler et agir au nom de. A t-il été mandaté par la région Ouest€? A travers ces propos que certains jugent déplacés, ne conforte t-il pas la thèse de la tribalisation du pouvoir dont on parle sou- vent€? Représente t-il l'Ouest partout au détriment des autres pans du pays€? Ces propos de Hama méritent qu'on les considère avec gravité. En effet, c'est pour la première fois qu'un homme politique nigérien, de surcroît un chef du gouvernement s'identifie à une région, au demeurant multiethnique, lui qui est président d'un parti d'envergure nationale. Chacun a bien sûr une origine mais tous se gardent de se réclamer de telle tribu, telle ethnie ou telle région. On se rappelle que sur la base de simples soupçons de propos ethno-régionalistes, Sanoussi Jackou, Abdoulaye Tiémogo et Abarchi Magalma avaient été jetés en prison, en mai dernier, avant que la justice ne les lave. Hama, en raison de sa position institutionnelle peut dire qu'il est représentant d'une région du Niger dans un organe de la République sans que rien ne se p