CET « AUTRE » DE BOUBOU HAMA. Hommage du petit-fils au grand-père
Depuis que Boubou Hama a été rendu à la Culture, exégètes et commentateurs, littérateurs et critiques, peignent de l’homme des portraits contrastés, mais édifiants quant ses dimensions multiples et à son envergure qui n’est pas seulement nigérienne et africaine, mais internationale et mondiale. D’aucuns ont privilégié l’écrivain, le chercheur, l’historien, d’autres ont traité du philosophe, du poète, du pédagogue, de l’ethnologue ou du sociologue. Boubou Hama était sans doute tout cela, mais il est surtout la somme de ce que l’on sait et de ce que l’on ne sait pas encore. De Boubou Hama, on a beaucoup dit, mais il reste encore beaucoup à dire. D’autres Boubou Hama demandent à être entendus, à être connus et reconnus. De ces autres Boubou Hama qui attendent de se livrer, j’irai à la rencontre de celui qui s’est achevé dans le Niger septentrional.
Cet autre Boubou Hama que j’évoque ici, c’est le sage dont la maturation s’est opérée aux confins du désert nigérien, à Agadez, la ville illustre de l’Aïr. Lorsque j’affirme que Boubou Hama est un sage, je ne demande point qu’on me croie sur parole. Je n’aurai le sentiment d’avoir atteint mon objectif, que si après avoir fourni quelques actions et faits qui étayent mon affirmation, après avoir montré quand et comment Boubou Hama est devenu le sage que nous célébrons, les lecteurs adhèrent à ma proposition.
Je crois volontiers qu’en chaque homme il y a un sage. Que celui-ci peut émerger de la multiplicité de la personnalité ou au contraire s’y diluer, dans certaines conditions. Quand et comment le sage présent en Boubou Hama a-t-il pris le pas sur le politicien, l’historien, l’écrivain et tous les autres Boubou Hama dont on nous a déjà entretenus? Telle est la question que je me propose d’examiner.
Mais le terme de sage est polysémique. Il est susceptible à l’instar de tous les termes de sa nature de nous engager dans des voies impropres, si nous ne prenons quelques précautions. Parmi les multiples acceptions du terme, je ne retiendrai donc que celles qui sont réclamées par la pertinence de mon entreprise. La première de ces acceptions renvoie à l’homme connaissant, celui qui est remarquable par l’étendue des savoirs qu’il possède. La deuxième à l’homme dont les faits et les actions forcent l’admiration et le font paraître comme un exemple, un modèle, aux yeux des autres hommes.
Boubou Hama fait partie, avec Amadou Hama Pathé Ba, Léopold Sédar Senghor, Birago Diop, et d’autres hommes illustres, des fils aînés du 20e siècle. Or, en Afrique, la primogéniture ouvre la voie et le droit à la sagesse. Sur notre continent, la sagesse ne badine pas avec le nombre des années : le vieil homme et le sage désignent généralement une seule et même personne. Le sage est celui qui sait parce que le grand nombre de ses années lui a fait vivre des expériences dont il a tiré des enseignements. Au demeurant, cette vision africaine de la sagesse recoupe la première acception que j’ai retenue, celle qui renvoie à l’homme éclairé, au savant. Boubou Hama, le vieil homme de 76 ans qui a légué à la postérité une œuvre monumentale entre dans cette catégorie.
Boubou Hama, sage. Je me souviens d’avoir entendu cette assertion de la bouche du président Hamani Diori, alors que jeune écolier, je n’en saisissais pas encore toute la signification. En l’an 1997, c’est à l’homme mûr que j’étais devenu que Léopold Kaziendé fit une confidence. Ce jour d’avril de l’année suscitée, je devisais avec lui sur la politique nigérienne, de ses premiers acteurs et de ses acteurs actuels. Après m’avoir informé qu’il venait de terminer la rédaction d’un ouvrage sur Boubou Hama, il me dit en pesant tous ses mots : « Au fond, Boubou Hama était le meilleur d’entre nous » Le « nous » de Monsieur Kaziendé Léopold désignait évidement les bâtisseurs de l’État nigérien.
Kaziendé Léopold connaissait Boubou Hama depuis l’EPS (École primaire Supérieure) de Ouagadougou que l’un et l’autre fréquentèrent dans les années 20. Les
Cet autre Boubou Hama que j’évoque ici, c’est le sage dont la maturation s’est opérée aux confins du désert nigérien, à Agadez, la ville illustre de l’Aïr. Lorsque j’affirme que Boubou Hama est un sage, je ne demande point qu’on me croie sur parole. Je n’aurai le sentiment d’avoir atteint mon objectif, que si après avoir fourni quelques actions et faits qui étayent mon affirmation, après avoir montré quand et comment Boubou Hama est devenu le sage que nous célébrons, les lecteurs adhèrent à ma proposition.
Je crois volontiers qu’en chaque homme il y a un sage. Que celui-ci peut émerger de la multiplicité de la personnalité ou au contraire s’y diluer, dans certaines conditions. Quand et comment le sage présent en Boubou Hama a-t-il pris le pas sur le politicien, l’historien, l’écrivain et tous les autres Boubou Hama dont on nous a déjà entretenus? Telle est la question que je me propose d’examiner.
Mais le terme de sage est polysémique. Il est susceptible à l’instar de tous les termes de sa nature de nous engager dans des voies impropres, si nous ne prenons quelques précautions. Parmi les multiples acceptions du terme, je ne retiendrai donc que celles qui sont réclamées par la pertinence de mon entreprise. La première de ces acceptions renvoie à l’homme connaissant, celui qui est remarquable par l’étendue des savoirs qu’il possède. La deuxième à l’homme dont les faits et les actions forcent l’admiration et le font paraître comme un exemple, un modèle, aux yeux des autres hommes.
Boubou Hama fait partie, avec Amadou Hama Pathé Ba, Léopold Sédar Senghor, Birago Diop, et d’autres hommes illustres, des fils aînés du 20e siècle. Or, en Afrique, la primogéniture ouvre la voie et le droit à la sagesse. Sur notre continent, la sagesse ne badine pas avec le nombre des années : le vieil homme et le sage désignent généralement une seule et même personne. Le sage est celui qui sait parce que le grand nombre de ses années lui a fait vivre des expériences dont il a tiré des enseignements. Au demeurant, cette vision africaine de la sagesse recoupe la première acception que j’ai retenue, celle qui renvoie à l’homme éclairé, au savant. Boubou Hama, le vieil homme de 76 ans qui a légué à la postérité une œuvre monumentale entre dans cette catégorie.
Boubou Hama, sage. Je me souviens d’avoir entendu cette assertion de la bouche du président Hamani Diori, alors que jeune écolier, je n’en saisissais pas encore toute la signification. En l’an 1997, c’est à l’homme mûr que j’étais devenu que Léopold Kaziendé fit une confidence. Ce jour d’avril de l’année suscitée, je devisais avec lui sur la politique nigérienne, de ses premiers acteurs et de ses acteurs actuels. Après m’avoir informé qu’il venait de terminer la rédaction d’un ouvrage sur Boubou Hama, il me dit en pesant tous ses mots : « Au fond, Boubou Hama était le meilleur d’entre nous » Le « nous » de Monsieur Kaziendé Léopold désignait évidement les bâtisseurs de l’État nigérien.
Kaziendé Léopold connaissait Boubou Hama depuis l’EPS (École primaire Supérieure) de Ouagadougou que l’un et l’autre fréquentèrent dans les années 20. Les