Il y a quelques temps, consécutivement à un séjour d'un mois au Niger et principalement dans les régions du nord d'Agadez (Aïr et Ténéré) je créais, avec des amis nigériens, et en particulier mon ami et poète Rhissa Rhossey, une association pour accompagner des projets de développements locaux. Ecoles, puits, bourses d'études, centre culturel, coopérative céréalière, atelier de couture, microcrédit... Voilà les projets que nous aimerions mener à bien.

Mais la première spécificité de cette association n'est pas de faire pour, mais de faire avec. Il me semble en effet important que se soient les Nigériens eux-mêmes qui prennent leur destin en main. Le temps n'est plus où les associations et les ONG décidaient de ce qui était bon pour les « pauvres Africains ».

En séjournant à Tchirozérine et en passant près d'Arlit, j'ai pu mesurer à quel point le comportement des sociétés occidentales était scandaleuse et inacceptable. Certains lieux, certains quartiers, à proximité de sites d'extraction m'ont rappelé des images que j'espérais d'un autre temps. Des images de bidonvilles côtoyant des symboles de richesse qui m'ont renvoyé plusieurs années en arrière quand adolescent, je regardais des reportages sur les townships d'Afrique du Sud. Oui, j'ai le regrettable sentiment que les exploitants occidentaux ne se contentent pas d'exploiter les sous-sol du Niger mais aussi ses habitants et continuent de pratiquer des méthodes qui ressemblent à l'apartheid. Ces exploitants sont devenus exploiteurs. Comment la France, pays des droits de l'homme, et trop souvent donneuse de leçons, peut-elle cautionner cela ? Comment peut-on accepter les méthodes et l'attitude arrogante d'Areva, par exemple ?

Voilà pourquoi, bien que partisan de la lutte non-violente plutôt que de la lutte armée, je peux comprendre le désarroi qui pousse parfois les hommes à prendre les armes et me reconnais dans les revendications de justice que porte le MNJ. Voilà pourquoi aussi, dans la mesure de mes modestes moyens, je suis prêt à m'engager pour faire connaître leurs demandes, tant qu'elles seront d'équité et de justice, en particulier auprès de mes amis politiques et intellectuels français.

Il est urgent que nous nous engagions afin d'éviter une nouvelle lutte fratricide qui ne pourrait apporter que tristesse et malheur.

Je souhaite donc ardemment que le pouvoir nigérien accepte au plus tôt d'entendre la détresse de son peuple, de négocier et de partager avec l'ensemble des Nigériens les richesses qui leur reviennent de droit. Ici nous mettrons toute la pression nécessaire pour qu'enfin, les sociétés qui exploitent vos ressources vous restituent le juste fruit de vos efforts dans le respect des sites concernés et surtout, des gens qui les habitent.

Hubert Lemaréchal,

Président d'A.G.A.D.E.S,

Association de Guidage pour l'Aménagement et le Développement des Espaces Sahariens.

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