L'Afrique entre multinationales et privatisations : ce que pense le MLAN
« L'Afrique noire est mal partie », tel est le titre de l'ouvrage de René Dumont paru en 1962. Il mettait l'accent sur les dangers du morcellement territorial - le rejet des frontières du colonialisme et surtout la constatation du lourd héritage colonial: des ressources constituées essentiellement de matières premières et des habitudes de monoculture coloniale faites par et pour les anciens propriétaires européens. Plus de quarante ans après, les nouvelles les plus récentes d'Afrique viennent malheureusement confirmer chaque jour le diagnostic pessimiste émis par René Dumont. Point n'est besoin de rappeler les goulots d'étranglement qui jalonnent le chemin du développement des pays africains. Mais, à rebours de Stephen Smith pour qui les Africains sont seuls responsables des maux qui accablent leur continent et le précipitent dans une « mort » certaine, nous proposons de revisiter le quotidien des africains. En effet, déjà fragiles, les jeunes Etats indépendants ont hérité d'une souveraineté chancelante que la domination des multinationales et la dislocation des sociétés sous l'effet des politiques d'ajustement structurel ont achevé de réduire à néant.
Par une « ironie tragique », plusieurs phénomènes de nature très différente ont conjugué leurs effets déstabilisateurs :
-la fin de l'affrontement Est-Ouest, qui structurait la géopolitique africaine.
-l'improvisation par les bailleurs de fonds d'une injonction démocratique mal maîtrisée (relayée par le discours de François Mitterrand à La Baule en 1990).
-le nouveau cadre macroéconomique ultralibéral - privatisations sauvages, programmes d'ajustement structurel incohérents et drastiques, plans sociaux déguisés, exploitation éhontée de la main-d'ouvre, prix dérisoires des matières premières et fraudes, mesures commerciales désavantageuses etc. ;
-les interventions sauvages des multinationales occidentales et de puissantes banques orientales.
Ces multinationales instrumentalisent des conflits régionaux ou locaux pour obtenir ou conserver des marchés et des concessions. Coups d'Etat en Guinée-Bissau (septembre 2003) et à Sao-Tomé- et-Principe (juillet 2003), tentatives de putsch au Burkina Faso et en Mauritanie (octobre 2003), renversement de M. Charles Taylor par une rébellion au Liberia (août 2003), remous politiques au Sénégal (année 2003), déstabilisation de la Côte d'Ivoire (depuis septembre 2002). l'Afrique de l'Ouest semble s'être durablement installée dans la crise politique. Si le pétrole est à la une, on oublie plus souvent dans les médias de rappeler la situation des populations des pays qui possèdent du pétrole dans leur sous-sol, et se voient soumises au pouvoir de ces multinationales pétrolières. À commencer par l'Afrique, d' où Elf tire environ 70 % de sa production, et d' où le nouveau groupe TotalFinaElf tire encore 40 % de sa production. Depuis des décennies, les compagnies pétrolières interviennent dans la vie politique et économique des pays concernés. Si ce n'est pas la mise en place ou le cautionnement des régimes responsables de violations massives des droits humains ou l'alimentation et encouragement des circuits de corruption, à l'étranger (surtout en France), c'est la destruction de l'environnement qui est en cause. Le groupe pétrolier Total a publié un nouveau bénéfice net ajusté record pour 2006 de 12,585 milliards d'euros, soit le plus gros bénéfice jamais enregistré par une entreprise française. Ses revenus ont progressé de 12% à 153,802 milliards d'euros. La croissance du bénéfice du groupe a suivi ces dernières années la hausse des cours du brut. De 7 milliards en 2003, le bénéfice de Total a dépassé légèrement les 9 milliards en 2004 avant d'atteindre un précédent record de 12,003 milliards en 2005. Depuis sa fusion en mars 2000, le groupe Total-Fina-Elf est devenu la première entreprise privée française et le quatrième pétrolier mondial : 50 milliards de francs de profits, 761 milliards de chiffre d'affaire (soit la moitié du budget de la Fr
Par une « ironie tragique », plusieurs phénomènes de nature très différente ont conjugué leurs effets déstabilisateurs :
-la fin de l'affrontement Est-Ouest, qui structurait la géopolitique africaine.
-l'improvisation par les bailleurs de fonds d'une injonction démocratique mal maîtrisée (relayée par le discours de François Mitterrand à La Baule en 1990).
-le nouveau cadre macroéconomique ultralibéral - privatisations sauvages, programmes d'ajustement structurel incohérents et drastiques, plans sociaux déguisés, exploitation éhontée de la main-d'ouvre, prix dérisoires des matières premières et fraudes, mesures commerciales désavantageuses etc. ;
-les interventions sauvages des multinationales occidentales et de puissantes banques orientales.
Ces multinationales instrumentalisent des conflits régionaux ou locaux pour obtenir ou conserver des marchés et des concessions. Coups d'Etat en Guinée-Bissau (septembre 2003) et à Sao-Tomé- et-Principe (juillet 2003), tentatives de putsch au Burkina Faso et en Mauritanie (octobre 2003), renversement de M. Charles Taylor par une rébellion au Liberia (août 2003), remous politiques au Sénégal (année 2003), déstabilisation de la Côte d'Ivoire (depuis septembre 2002). l'Afrique de l'Ouest semble s'être durablement installée dans la crise politique. Si le pétrole est à la une, on oublie plus souvent dans les médias de rappeler la situation des populations des pays qui possèdent du pétrole dans leur sous-sol, et se voient soumises au pouvoir de ces multinationales pétrolières. À commencer par l'Afrique, d' où Elf tire environ 70 % de sa production, et d' où le nouveau groupe TotalFinaElf tire encore 40 % de sa production. Depuis des décennies, les compagnies pétrolières interviennent dans la vie politique et économique des pays concernés. Si ce n'est pas la mise en place ou le cautionnement des régimes responsables de violations massives des droits humains ou l'alimentation et encouragement des circuits de corruption, à l'étranger (surtout en France), c'est la destruction de l'environnement qui est en cause. Le groupe pétrolier Total a publié un nouveau bénéfice net ajusté record pour 2006 de 12,585 milliards d'euros, soit le plus gros bénéfice jamais enregistré par une entreprise française. Ses revenus ont progressé de 12% à 153,802 milliards d'euros. La croissance du bénéfice du groupe a suivi ces dernières années la hausse des cours du brut. De 7 milliards en 2003, le bénéfice de Total a dépassé légèrement les 9 milliards en 2004 avant d'atteindre un précédent record de 12,003 milliards en 2005. Depuis sa fusion en mars 2000, le groupe Total-Fina-Elf est devenu la première entreprise privée française et le quatrième pétrolier mondial : 50 milliards de francs de profits, 761 milliards de chiffre d'affaire (soit la moitié du budget de la Fr