« Mamadou et le fantôme de Drummondville » de Nadia Ghalem
Un fantôme à Drummondville? Qui est donc ce fantôme qui erre dans les rues de Drummondville? Qui trouble la sérénité des enfants dans cette ville réputée tranquille? Que fait-il et que veut-il? Et Mamadou, comment ce jeune garçon au nom « exotique » se retrouve-t-il au cœur de cette histoire qui se déroule dans un milieu où ses « semblables » sont des « minorités visibles »? D’où vient-il? Que fait-il dans cette ville hantée par un fantôme?
En fait, l’histoire de Mamadou est celle de ces nombreux enfants qui partent de l’Afrique pour s’installer « ailleurs », dans d’autres pays, mais surtout dans d’autres continents. On sait que plusieurs raisons expliquent ces déplacements. Mais, pourquoi Mamadou et ses parents quittent Abidjan en Côte-d’ivoire pour la petite ville de Drummondville au Canada?
Le jeune garçon précise :
« Je ne sais pas comment papa et Monsieur Leduc ont décidé que nous devons tous aller habiter au Canada. » (1)
Avait-il vraiment le choix? Était-il nécessaire pour Mamadou de connaître les raisons du départ pour le Canada? Sans pour autant connaître les détails de cette initiative Mamadou a simplement suivi ses parents :
« Puis, nous avons fait nos bagages. J’ai eu la permission d’emporter ma petite guitare africaine sculptée dans du bois de baobab avec une peau de bête tendue et des cordes qui font un son merveilleux. On dirait de l’eau qui court ou du cristal qui chante. Dans l’avion, il y a des enfants. Ils ont des vêtements légers. Ils tremblent de froid. Une Québécoise se lève et donne son châle à une petite fille. Elle dit avec son accent : Tiens, c’est pour toi, je vais demander des couvertures à l’hôtesse pour les autres. La petite fille prend silencieusement la couverture et s’enveloppe frileusement. J’entends quelqu’un dire que ce sont des enfants qui viennent de la guerre et qu’il y a même parmi eux des enfants soldats. Ça fait une drôle d’atmosphère. Ils n’ont pas de parents. Je les regarde sans oser leur parler. » (2)
Bien évidemment le voyage est à la fois impressionnant et angoissant. Si la « soif » des découvertes stimule le stress et provoque une « démoniaque » excitation, la peur de l’inconnu, elle, engendre toutes sortes d’émotions :
« Enfin Drummondville! Drummondville est une ville tranquille, trop tranquille, selon certains. Guillaume habite une maison grise pas très loin de l’école, et ma maison est, elle aussi, tout près, juste de l’autre côté de la rue. Nous allons en classe tôt le matin. » (3)
Sûrement les enfants aiment jouer à des jeux qu’ils connaissent. Excellente initiative. Cependant, dans un nouvel environnement, il faut aussi apprendre autre chose, des nouveaux jeux. Et, pour Mamadou, il s’agit de développer de nouvelles aptitudes langagières. Il aime le ballon. Il aime jouer au football comme beaucoup d’enfants dans son Afrique natale… Comment faut-il exprimer sa passion à ses nouveaux amis?
« J’aime jouer au ballon. Tout le monde dit que je suis très bon, je peux le faire rebondir avec ma tête et le faire rouler avec mes pieds. C’est magique. Quand on joue au soccer dans la cour, je me sens comme un champion. C’est plus facile que de courir dans la neige ou de glisser sur la glace. Tout le monde voit comment je suis capable de faire tout ce que je veux avec le ballon » (4)
En revanche, pour se faire comprendre, Mamadou doit parler de soccer : c’est la même chose, le même message. Soccer ou football, c’est bonnet blanc et blanc bonnet. En fait, Ce que Mamadou appelle football est baptisé soccer dans sa nouvelle ville. Donc le nouveau venu est déjà sur le chemin de « l’intégration », il emploie déjà les expressions locales…
Par ailleurs, il fait des sérieux efforts pour sortir de « l’isolement », et on sait d’ailleurs que la « socialisation » est une étape significative pour « apprivoiser » un environnement inhabituel :
« Mon ami s’appelle Guillaume. On est voisins. C’est bien, parce qu’on peut jouer ensemble au voleur et au policier. Parfois
En fait, l’histoire de Mamadou est celle de ces nombreux enfants qui partent de l’Afrique pour s’installer « ailleurs », dans d’autres pays, mais surtout dans d’autres continents. On sait que plusieurs raisons expliquent ces déplacements. Mais, pourquoi Mamadou et ses parents quittent Abidjan en Côte-d’ivoire pour la petite ville de Drummondville au Canada?
Le jeune garçon précise :
« Je ne sais pas comment papa et Monsieur Leduc ont décidé que nous devons tous aller habiter au Canada. » (1)
Avait-il vraiment le choix? Était-il nécessaire pour Mamadou de connaître les raisons du départ pour le Canada? Sans pour autant connaître les détails de cette initiative Mamadou a simplement suivi ses parents :
« Puis, nous avons fait nos bagages. J’ai eu la permission d’emporter ma petite guitare africaine sculptée dans du bois de baobab avec une peau de bête tendue et des cordes qui font un son merveilleux. On dirait de l’eau qui court ou du cristal qui chante. Dans l’avion, il y a des enfants. Ils ont des vêtements légers. Ils tremblent de froid. Une Québécoise se lève et donne son châle à une petite fille. Elle dit avec son accent : Tiens, c’est pour toi, je vais demander des couvertures à l’hôtesse pour les autres. La petite fille prend silencieusement la couverture et s’enveloppe frileusement. J’entends quelqu’un dire que ce sont des enfants qui viennent de la guerre et qu’il y a même parmi eux des enfants soldats. Ça fait une drôle d’atmosphère. Ils n’ont pas de parents. Je les regarde sans oser leur parler. » (2)
Bien évidemment le voyage est à la fois impressionnant et angoissant. Si la « soif » des découvertes stimule le stress et provoque une « démoniaque » excitation, la peur de l’inconnu, elle, engendre toutes sortes d’émotions :
« Enfin Drummondville! Drummondville est une ville tranquille, trop tranquille, selon certains. Guillaume habite une maison grise pas très loin de l’école, et ma maison est, elle aussi, tout près, juste de l’autre côté de la rue. Nous allons en classe tôt le matin. » (3)
Sûrement les enfants aiment jouer à des jeux qu’ils connaissent. Excellente initiative. Cependant, dans un nouvel environnement, il faut aussi apprendre autre chose, des nouveaux jeux. Et, pour Mamadou, il s’agit de développer de nouvelles aptitudes langagières. Il aime le ballon. Il aime jouer au football comme beaucoup d’enfants dans son Afrique natale… Comment faut-il exprimer sa passion à ses nouveaux amis?
« J’aime jouer au ballon. Tout le monde dit que je suis très bon, je peux le faire rebondir avec ma tête et le faire rouler avec mes pieds. C’est magique. Quand on joue au soccer dans la cour, je me sens comme un champion. C’est plus facile que de courir dans la neige ou de glisser sur la glace. Tout le monde voit comment je suis capable de faire tout ce que je veux avec le ballon » (4)
En revanche, pour se faire comprendre, Mamadou doit parler de soccer : c’est la même chose, le même message. Soccer ou football, c’est bonnet blanc et blanc bonnet. En fait, Ce que Mamadou appelle football est baptisé soccer dans sa nouvelle ville. Donc le nouveau venu est déjà sur le chemin de « l’intégration », il emploie déjà les expressions locales…
Par ailleurs, il fait des sérieux efforts pour sortir de « l’isolement », et on sait d’ailleurs que la « socialisation » est une étape significative pour « apprivoiser » un environnement inhabituel :
« Mon ami s’appelle Guillaume. On est voisins. C’est bien, parce qu’on peut jouer ensemble au voleur et au policier. Parfois