Vient de paraître : Sous les tropiques du pays bafoué. Par Benoît KONGBO
La République du Fleuve était dirigée par le président Korossol Oligacha, succédant au Général Dollfuss Olympio dont la prise du pouvoir lui avait coûté plus de dix années d’exil. Il était le premier président du Fleuve démocratiquement élu et se considérait comme le nouveau Moïse qui devait conduire son peuple longtemps opprimé par ses prédécesseurs à la Terre promise. Malheureusement trois ans après son élection, des soldats de l’Armée nationale se rebellèrent contre son régime qui répandait les mêmes maux dont avait été victime le peuple sous le règne du Général Dollfuss Olymipio.
Comme un miroir à multiples facettes, ce livre présente cette période de troubles où Rapido la capitale du Fleuve a sombré dans la confusion, la haine, la division, la folie destructrice et meurtrière.
Nous ne souhaiterions pas que, poussés par votre imagination, vous voyiez derrière le pays imaginaire appelé la République du Fleuve, un pays réel ayant vécu les évènements relatés dans ce livre.
Il est cependant une voix qui porte haut les cris étouffés, qui interroge parce qu’elle ne comprend pas, qui constate sans juger, qui se plaint sans accuser, qui témoigne sans culpabiliser au nom et pour la prise de conscience de peuples pluriethniques que la soif du pouvoir des dirigeants incitent à la haine tribale, la guerre civile.
Né en 1979 à Bangui, capitale de la République Centrafricaine, Benoît KONGBO a débuté par l’art (dessin, peinture et céramique) avant de se consacrer à l’écriture des poèmes et des nouvelles en 1995. Des extraits de son poème Automate ont été publiés dans la revue l’Indicible Frontière en juin 2003 et son recueil de nouvelles Balénguindi, aux éditions l’Harmattan en septembre 2003. Directeur du Centre Baobab, une maison de jeunes et d’animation socioculturelle et de la troupe théâtrale ACRETAT, Benoît KONGBO vit et étudie à Bangui
Extrait
Tout l'après-midi s'était écoulé sous les rafales des armes impolies et brutales comme ceux qui les manipulaient. Et quand vint la nuit, un silence épais s'abattit sur Rapido. Le temps, neurasthénique, laissa tomber son manteau couleur ténèbres sur les toits des maisons et immeubles de la ville. Dans le ciel, la lune avait un visage hideux. Elle semblait à la fois pleurer et sourire. Les nuages étaient furieux contre les étoiles qui les aveuglaient avec leur éclat mal éduqué. Ils n’arrêtaient pas de se chicaner, de s’entrelacer, de courir, de se transformer en un paysage terne, cotonneux. Sous cette voûte céleste, dans tous les quartiers de la capitale, les langues se battaient contre les palais. Et des souffles s’évadaient des bouches. Paroles qui troublaient l’intimité des oreilles. Réveillées ces dernières provoquaient les verbes qui appelaient à leurs secours conjugaison qui, dépassée à son tour, se réfugiait dans les phrases… Et vos rumeurs, votre Radio-bitume.
-On dit que c’est un coup d’Etat raté.
-On dit plutôt que c’est une grève militaire. Ces éléments de l’Armée nationale se sont révoltés parce que le gouvernement ne leur a pas versé leurs soldes. Et ils ont jugé bon de manifester de cette manière dans les rues pour que leurs revendications soient très vite satisfaites.
-Non, c’est faux. Nous n’y croyons pas. Une grève militaire, c’est la première fois que nous en entendons parler. En tout cas nous, nous certifions que c’est un coup d’Etat. Un vrai coup d’Etat fomenté par des éléments de l’Armée nationale qui supportaient mal l’écrasant échec électoral du président sortant.
-On dit que c’est une grève militaire. On dit que c’est un coup d’Etat militaire. Mais finalement qu’est-ce qu’il faut croire ? Si vous n’avez rien à dire, taisez-vous. De toute façon, que ce soit l’un ou l’autre, nous sommes plus préoccupés par les comportements brutaux et sauvages des Kakis que par la cause de leur mouvement. Il n'est pas juste pour une Armée nationale qui se doit de protéger un Peuple de lui enlever ses biens. Où allons-nous ?
Comman
Comme un miroir à multiples facettes, ce livre présente cette période de troubles où Rapido la capitale du Fleuve a sombré dans la confusion, la haine, la division, la folie destructrice et meurtrière.
Nous ne souhaiterions pas que, poussés par votre imagination, vous voyiez derrière le pays imaginaire appelé la République du Fleuve, un pays réel ayant vécu les évènements relatés dans ce livre.
Il est cependant une voix qui porte haut les cris étouffés, qui interroge parce qu’elle ne comprend pas, qui constate sans juger, qui se plaint sans accuser, qui témoigne sans culpabiliser au nom et pour la prise de conscience de peuples pluriethniques que la soif du pouvoir des dirigeants incitent à la haine tribale, la guerre civile.
Né en 1979 à Bangui, capitale de la République Centrafricaine, Benoît KONGBO a débuté par l’art (dessin, peinture et céramique) avant de se consacrer à l’écriture des poèmes et des nouvelles en 1995. Des extraits de son poème Automate ont été publiés dans la revue l’Indicible Frontière en juin 2003 et son recueil de nouvelles Balénguindi, aux éditions l’Harmattan en septembre 2003. Directeur du Centre Baobab, une maison de jeunes et d’animation socioculturelle et de la troupe théâtrale ACRETAT, Benoît KONGBO vit et étudie à Bangui
Extrait
Tout l'après-midi s'était écoulé sous les rafales des armes impolies et brutales comme ceux qui les manipulaient. Et quand vint la nuit, un silence épais s'abattit sur Rapido. Le temps, neurasthénique, laissa tomber son manteau couleur ténèbres sur les toits des maisons et immeubles de la ville. Dans le ciel, la lune avait un visage hideux. Elle semblait à la fois pleurer et sourire. Les nuages étaient furieux contre les étoiles qui les aveuglaient avec leur éclat mal éduqué. Ils n’arrêtaient pas de se chicaner, de s’entrelacer, de courir, de se transformer en un paysage terne, cotonneux. Sous cette voûte céleste, dans tous les quartiers de la capitale, les langues se battaient contre les palais. Et des souffles s’évadaient des bouches. Paroles qui troublaient l’intimité des oreilles. Réveillées ces dernières provoquaient les verbes qui appelaient à leurs secours conjugaison qui, dépassée à son tour, se réfugiait dans les phrases… Et vos rumeurs, votre Radio-bitume.
-On dit que c’est un coup d’Etat raté.
-On dit plutôt que c’est une grève militaire. Ces éléments de l’Armée nationale se sont révoltés parce que le gouvernement ne leur a pas versé leurs soldes. Et ils ont jugé bon de manifester de cette manière dans les rues pour que leurs revendications soient très vite satisfaites.
-Non, c’est faux. Nous n’y croyons pas. Une grève militaire, c’est la première fois que nous en entendons parler. En tout cas nous, nous certifions que c’est un coup d’Etat. Un vrai coup d’Etat fomenté par des éléments de l’Armée nationale qui supportaient mal l’écrasant échec électoral du président sortant.
-On dit que c’est une grève militaire. On dit que c’est un coup d’Etat militaire. Mais finalement qu’est-ce qu’il faut croire ? Si vous n’avez rien à dire, taisez-vous. De toute façon, que ce soit l’un ou l’autre, nous sommes plus préoccupés par les comportements brutaux et sauvages des Kakis que par la cause de leur mouvement. Il n'est pas juste pour une Armée nationale qui se doit de protéger un Peuple de lui enlever ses biens. Où allons-nous ?
Comman