Mon pays vient à Montréal, dans mon autre pays…
Une voix me fait sursauter :
- Viens maman, viens vite, viens voir ce qui se passe…
Je me précipite dans le salon pour aller voir ce qui révolte mon fils à ce point-là. Qu’est-ce qui le met dans un tel état ?
- C’est de l’injustice : ils viennent de nous refuser un but !
- Comment peuvent-ils se comporter ainsi ? hurle mon frère.
- Pourtant c’est bel et bien un but, affirme un ami de mon fils lui aussi africain.
- J’ai bien vu que c’est un but, insiste mon fils
Mais, son avis peut-il changer quelque chose ?
Il s’agit du match que le Congo, notre pays d’origine dispute contre le Chili, le 5 juillet 2007 au Commonwealth Stadium d’Edmonton dans le cadre de la Coupe du Monde U-20 de la FIFA qui se déroule actuellement au Canada, mon autre pays. C’est le sport qui est soudainement à l’origine de ce réveil de la fibre patriotique de mon fils.
Pour une Afrique positive
L’une des activités favorites des Africains qui vivent en Occident, c’est certainement de s’informer sur le pays d’origine. Ainsi, pour plusieurs, la nostalgie se manifeste de diverses manières : retrouvailles entre compatriotes, visionnage d’émissions sur l’Afrique à la télévision, lecture des journaux, préparation régulière de mets africains…
Toutefois, il convient de noter que la télévision constitue à la fois une joie et une tristesse. Une joie parce qu’il est toujours agréable de voir des images de son pays ou de l’Afrique en général. Mais la révolte est grande à la découverte des images qui ne reflètent pas la réalité. Certaines images montrent seulement des vérités partielles…
Or, ces images dévalorisantes de l’Afrique sont nombreuses à la télévision. Je découvre par ces images une Afrique que je ne connaissais pas. Je ne me retrouve pas dans cette Afrique caractérisée par des enfants agonisants avec des ventres gonflés qui font pitié. Ces images brisent le cœur et surtout renforcent aussi les préjugés négatifs. Dans les rues, nous apparaissons donc tous comme ces enfants de la télévision qui crèvent de faim et qui sont même parfois assaillis par des mouches. Ces images macabres donnent la chair de poule. Nous apparaissons alors comme des « rescapés »…
Ces images ne facilitent pas la tâche aux enfants nés de l’immigration. Ces enfants finalement subissent des préjugés et les conséquences de cette propagande négative. Ils sont identifiés quelque part à partir de ces images. Par ailleurs, involontairement, une distance se crée entre les enfants qui vivent en Occident et l’Afrique. Ils se retrouvent au bout du compte comme des prisonniers de cette « dévalorisation »…
Et que dire des images des migrants qui échouent sur les plages occidentales ? Elles viennent boucler la boucle pour confirmer et soutenir les autres images qui montrent des enfants tels que je n’en ai jamais vu en Afrique. Ce n’est pas que je veuille nier que certains enfants sont dans le besoin... Mais de là à venir coller cette image d’enfants mourants à tout un continent, c’est une exagération qui ne laisse pas indifférent.
J’ai passé une partie de ma vie en Afrique. Je peux affirmer que ce sont les meilleures années de ma vie. Une vie différente de celle des sociétés occidentales : la joie de vivre, les sorties… Non, ce n’est pas l’enfermement et la solitude… Ces enfants qui jouent au soccer dans les rues. Au juste, soccer ou football ? Lorsque je parle à mes enfants, il faut parler de soccer au lieu de football. Si je parle de football, ils pensent à un autre sport. Cet aspect n’est en réalité qu’une des nombreuses différences auxquelles les Africains qui vivent en Occident doivent s’adapter. Ces adaptations sont nombreuses et il n’est pas toujours évident de se retrouver dans ce « tourbillon ». Tous ces changements et ces ajustements ont aussi des conséquences.
Que dire de nos origines ?
La réaction de mon fils continue de m’interpeller. Il soufflera dans quelques mois sur sa quatorzième bougie, mais il a quitté le Congo à l’âge
- Viens maman, viens vite, viens voir ce qui se passe…
Je me précipite dans le salon pour aller voir ce qui révolte mon fils à ce point-là. Qu’est-ce qui le met dans un tel état ?
- C’est de l’injustice : ils viennent de nous refuser un but !
- Comment peuvent-ils se comporter ainsi ? hurle mon frère.
- Pourtant c’est bel et bien un but, affirme un ami de mon fils lui aussi africain.
- J’ai bien vu que c’est un but, insiste mon fils
Mais, son avis peut-il changer quelque chose ?
Il s’agit du match que le Congo, notre pays d’origine dispute contre le Chili, le 5 juillet 2007 au Commonwealth Stadium d’Edmonton dans le cadre de la Coupe du Monde U-20 de la FIFA qui se déroule actuellement au Canada, mon autre pays. C’est le sport qui est soudainement à l’origine de ce réveil de la fibre patriotique de mon fils.
Pour une Afrique positive
L’une des activités favorites des Africains qui vivent en Occident, c’est certainement de s’informer sur le pays d’origine. Ainsi, pour plusieurs, la nostalgie se manifeste de diverses manières : retrouvailles entre compatriotes, visionnage d’émissions sur l’Afrique à la télévision, lecture des journaux, préparation régulière de mets africains…
Toutefois, il convient de noter que la télévision constitue à la fois une joie et une tristesse. Une joie parce qu’il est toujours agréable de voir des images de son pays ou de l’Afrique en général. Mais la révolte est grande à la découverte des images qui ne reflètent pas la réalité. Certaines images montrent seulement des vérités partielles…
Or, ces images dévalorisantes de l’Afrique sont nombreuses à la télévision. Je découvre par ces images une Afrique que je ne connaissais pas. Je ne me retrouve pas dans cette Afrique caractérisée par des enfants agonisants avec des ventres gonflés qui font pitié. Ces images brisent le cœur et surtout renforcent aussi les préjugés négatifs. Dans les rues, nous apparaissons donc tous comme ces enfants de la télévision qui crèvent de faim et qui sont même parfois assaillis par des mouches. Ces images macabres donnent la chair de poule. Nous apparaissons alors comme des « rescapés »…
Ces images ne facilitent pas la tâche aux enfants nés de l’immigration. Ces enfants finalement subissent des préjugés et les conséquences de cette propagande négative. Ils sont identifiés quelque part à partir de ces images. Par ailleurs, involontairement, une distance se crée entre les enfants qui vivent en Occident et l’Afrique. Ils se retrouvent au bout du compte comme des prisonniers de cette « dévalorisation »…
Et que dire des images des migrants qui échouent sur les plages occidentales ? Elles viennent boucler la boucle pour confirmer et soutenir les autres images qui montrent des enfants tels que je n’en ai jamais vu en Afrique. Ce n’est pas que je veuille nier que certains enfants sont dans le besoin... Mais de là à venir coller cette image d’enfants mourants à tout un continent, c’est une exagération qui ne laisse pas indifférent.
J’ai passé une partie de ma vie en Afrique. Je peux affirmer que ce sont les meilleures années de ma vie. Une vie différente de celle des sociétés occidentales : la joie de vivre, les sorties… Non, ce n’est pas l’enfermement et la solitude… Ces enfants qui jouent au soccer dans les rues. Au juste, soccer ou football ? Lorsque je parle à mes enfants, il faut parler de soccer au lieu de football. Si je parle de football, ils pensent à un autre sport. Cet aspect n’est en réalité qu’une des nombreuses différences auxquelles les Africains qui vivent en Occident doivent s’adapter. Ces adaptations sont nombreuses et il n’est pas toujours évident de se retrouver dans ce « tourbillon ». Tous ces changements et ces ajustements ont aussi des conséquences.
Que dire de nos origines ?
La réaction de mon fils continue de m’interpeller. Il soufflera dans quelques mois sur sa quatorzième bougie, mais il a quitté le Congo à l’âge