Occupation anarchique des trottoirs Commerçants et piétons côtoient la mort
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mercredi 17 juin 2009
par Irène Bath
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Les retombées pour la Côte d’Ivoire
L’occupation anarchique des domaines communaux dans la ville d’Abidjan a atteint une ampleur inquiétante. La situation se présente de différentes manières. Notamment, par l’agrandissement des domiciles et maisons, en construisant par exemple des boutiques, des salons de coiffure jusque sur des bouches de réseaux d’assainissement de la Société de distribution d’eau en Côte d’Ivoire (SODECI). Il y a aussi les maquis et restaurants qui ne tiennent plus dans les périmètres qui leur sont concédés et débordent sur les espaces publics. Les communes les plus touchées restent celles d’Abobo, de Yopougon, d’Adjamé, de Koumassi et de Port-Bouët, pour ne citer que celles-là. A Abobo, la palme des occupations anarchiques reste la voie expresse, dans les alentours de la mairie de ladite commune. A Yopougon, c’est toujours le bouchon au rond-point de la pharmacie SIPOREX où il est quasiment impossible de circuler, même aux heures creuses. Les commerçants ayant décidé, ainsi, en s’installant sur une partie de la chaussée, de disputer les trottoirs aux transporteurs en stationnement. Que dire d’Adjamé, la commune championne du désordre ? L’anarchie y est indescriptible. Depuis la gare nord, en passant par le boulevard Nangui Abrogua, jusqu’à l’entrée de la commune du Plateau, point de voie accessible. Et du superbe boulevard de Mirador au boulevard De Gaulle, en passant par l’ancien garage Renault et les 220 logements ? Spectacle triste et désolant. De part et d’autre, les commerçants se sont établis, indifférents aux bus, ?’Gbakas’’ et autres ?’worro-worro’’ qui se frayent un chemin au milieu des fouillis de jambes et de marchandises. Selon le responsable de la communication de la mairie, Sidibé Abdoulaye, la commune d’Adjamé paye un lourd tribut de toute la Côte d’Ivoire. Tout simplement parce que, explique ce dernier, pendant la crise, les populations sont venues de partout et se sont transformées en commerçants. " Les petits commerçants, du fait de la crise, s’asseyent un peu partout au risque de leur vie, pour mener leurs activités. Adjamé est une commune carrefour, où commerçants et transporteurs se côtoient. C’est une vache à lait où chacun vient traire le lait. 70% des commerçants viennent d’ailleurs. Dans la journée, on retrouve plus de 3,5 millions de personnes dans la commune. Dès la tombée de la nuit, on se retrouve à seulement 3 mille habitants ", a présenté M. Sidibé. Pour les responsables de cette commune, cette situation s’explique. Ils notent en effet qu’à la différence de la commune d’Adjamé réputée être un centre des affaires, le Plateau est une commune administrative et Cocody, une commune résidentielle. " Treichville était comme Adjamé, mais cette commune est tombée parce qu’on a tué la rue 12 ", a indiqué le chef de la communication d’Adjamé, pour expliquer la fin de l’anarchie dans cette cité.
Des commerçants déguerpis marchent sur la présidence
Adjamé ne se complait pas pour autant dans cette situation étant entendu qu’il y existe une police municipale qui fait son travail en chassant les commerçants. Mais ceux-ci reviennent chaque fois. " Nous menons des opérations de sensibilisation, demandant aux commerçants de quitter les rues. Des vendeuses de friperie installées aux abords du Commissariat de police du 3ème arrondissement d’Adjamé ont marché sur la présidence parce que le maire avait tenté de les déguerpir ", a dénoncé notre interlocuteur faisant remarquer les échecs qu’ils essuient chaque jour lorsqu’ils passent à la phase de répression. Le cas de la commune de Koumassi est aussi préoccupant. De la pharmacie Saint François à la ligne du bus 11, il est difficile, aussi bien pour les piétons que pour les automobilistes, de circuler aisément. Notre équipe de reportage était dans cette zone le mercredi 3 juin 2009 à 17 heures, où elle a fait le triste constat de l’occupation anarchique du trottoir. Les occupants des magasins débordent jusque sur le trottoir, histoire de faire voir leurs marchandises. Interrogés sur l’attribution de ces places, certains commerçants ont dit être installés là par la mairie, tandis que d’autres ont reconnu être venus de leur propre chef. " La mairie ne nous installe pas. Mais dès qu’elle est informée que nous sommes là, elle nous délivre des tickets que nous payons ", a révélé une commerçante. Cette situation crée des embouteillages du fait de l’installation de ces commerçants sur ces artères, et aussi parce que des véhicules stationnent carrément sur la chaussée (worro-worro du quartier sans fil). Pareil pour la voie centrale du grand marché de Koumassi jusqu’au terminus du bus 13, où il est difficile de circuler les matins. Sur certaines routes secondaires de ladite commune, il est loisible de voir des bâches installées à l’occasion de certaines cérémonies. Les automobilistes qui vivent difficilement cette situation, s’interrogent sur la mission de la mairie dans cette commune. La réponse des autorités de cette localité ne s’est pas fait attendre. La mairie de Koumassi, de l’avis du directeur de cabinet du maire, Guy Charles Wayoro, dans sa gestion communale, a anticipé le problème de l’occupation anarchique des trottoirs et de la chaussée. A cet effet, poursuit-il, la mairie a mis en place une commission des affaires domaniales et de l’environnement et une sous-direction de l’environnement qui s’occupe des problèmes d’occupation du trottoir. " Nos difficultés, c’est que la gestion de la mairie est administrative, mais au-delà, elle est beaucoup plus politique. Nos compétences sont donc limitées face à ce qui a été déjà fait. La mairie interdit les constructions anarchiques. Elle va même jusqu’à délivrer des mises en demeure à ceux qui s’entêtent. Toutes ces actions ne dissuadent pas les auteurs de telles actions qui, nuitamment, reviennent se réinstaller", a déploré le directeur de cabinet du maire. Pour répondre à ceux qui accusent les mairies de prélever des taxes à ces commerçants, les autorités communales ont été catégoriques sur les missions qui leurs sont dévolues, à savoir l’occupation du domaine communal (ODC) et les recouvrements. "C’est un principe des finances qui établit que lorsque vous faites une activité dans une commune, on vous encaisse ", a noté la municipalité de Koumassi. Cette commune est également convaincue que si le problème ne se pose pas à Treichville, c’est parce qu’il s’agit d’un quartier construit et cédé, à la différence des autres communes qui se construisent. Le sous-directeur des moyens généraux en charge de l’exploitation du patrimoine foncier et immobilier de la mairie de Treichville, M. Cissé Bacongo, voit une autre explication à cette situation. Pour lui, la commune de Treichville ne vit pas le drame des autres communes où l’anarchie règne en maître, tout simplement parce que les autorités municipales ont impliqué la population dans la gestion de cette cité. Il a expliqué qu’à travers les Comités de gestion de quartiers (CGQ), les habitants apportent leur aide pour mieux tenir la com