Le séminaire diagnostic qui se tient actuellement révèle que la Compagnie ivoirienne pour le développement des textiles va très mal.

Identifier les mesures urgentes et idoines pour sauver la Compagnie ivoirienne pour le développement des textiles (Cidt). C’est l’objectif principal du séminaire qui se tient depuis vendredi à Abidjan.

La première journée, consacrée essentiellement à l’état des lieux de la société, fait ressortir un tableau très sombre. Bénéficiaire d’un bloc dans le cadre de la privatisation de la filière cotonnière en 1998, la Cidt est, selon les différents intervenants, agonisante. Elle est d’ailleurs en vie par la simple volonté politique du gouvernement.

En effet, la Compagnie ploie sous le poids des dettes cumulées à hauteur de 32 253 milliards de Fcfa sur les cinq dernières années (2002 à 2007). Soit plus de cinq fois son capital social qui est 7,2 milliards. Et le directeur général adjoint, Dr Coulibaly Mamadou, d’expliquer la banqueroute: «La crise socio-politique que vit le pays depuis 2000 a eu raison de la filière coton. Plus particulièrement de la Cidt qui est en régression à tous les niveaux».

De la présentation analytique de la situation, il ressort que la Compagnie doit encore 373 millions de francs aux producteurs pour la campagne 2007-2008 et 698 millions de francs de ristournes pour les trois dernières campagnes. Selon Dr Coulibaly Mamadou, la conséquence à ce niveau est immédiate. «La démotivation est grande chez les producteurs dont le nombre a chuté de façon drastique en passant de 57 337 en 2002 à 11 601 en 2008», a-t-il déploré. Une baisse des producteurs qui a engendré la chute de la production de 2008 avec 25 195 tonnes de coton graine est le quart de la production de 2002 qui était de 116 997 tonnes.

Une production qui a également baissé en qualité avec un niveau très critique de 38 pour cent de fibre de type de tête de qualité en 2007 contre 54 pour cent en 2002. Les difficultés grandissantes de trésorerie ont entraîné, selon le rapport publié vendredi, la cessation de paiement des dettes envers plusieurs partenaires. La Compagnie traîne 2,696 milliard francs de dettes envers ses fournisseurs. Elle doit également 1,311 milliards de francs à la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps), tout comme les impôts qui attendent qu’on leur paye 349 millions.

Dr Touré Amara, le président du conseil d’administration, estime que «la situation est certes alarmante, mais on ne doit pas se démotiver». «L’Etat, dans sa volonté de toujours lutter efficacement contre le déséquilibre social entre les régions a décidé de maintenir les activités de notre société. Nous avons perdu environ 29 milliards de francs lors des événements que traverse le pays. Il s’agit notamment de facteur de production, de matériel d’égrenage, de véhicules, etc. Nous avons confiance encore à l’Etat qui malgré ses difficultés ne cesse de nous soutenir», a-t-il dit.

Pour lui, ce séminaire, qui prend fin aujourd’hui, «doit plutôt servir à changer le cours du destin de la Cidt». «Le Conseil d’administration, a-t-il souligné, a décidé de l’organisation de ce séminaire pour qu’on voit ensemble comment remettre en scelle notre société à partir de ce tableau alarmant qu’elle présente aujourd’hui. L’Etat a pris l’engagement en septembre dernier de maintenir les activités de la Cidt en raison de l’importance qu’elle revêt en tant que structure de développement. Il nous a, à cet effet, demandé de lui faire des propositions de stratégies de relance sur une période de trois ans».

Les participants devront adopter «un plan de sortie de crise» dont l’ébauche fait ressortir un besoin de financement de plus de 75,484 milliards de francs répartis sur les trois prochaines années. Ceci avec pour objectif à terme de produire 110 500 tonnes de coton graine sur 85.000 ha pour la campagne 2011-2012.

Doua Gouly

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