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Le charbon de bois, un double désastre pour l’environnement

Publié le 1/14/2016
Aux environs de Brazzaville, depuis des décennies, des milliers d’hectares de forêts sont décimés par des fabricants de charbon de bois. Cette pratique détruit les arbres, et dégrade aussi les sols. Impuissantes, les agricultrices constatent la baisse de rendements de leurs cultures.

François Xavier Mayouya, président de l’association Œuvre notre dame des veuves & orphelins du Congo, tire la sonnette d'alarme. Dans les villages autour de Brazzaville, la fabrique du charbon à bois, l’une des activités principales, a, selon lui, des conséquences désastreuses à moyen terme : "Plusieurs cultivatrices se plaignent de la baisse de leur production, sans savoir que c'est parce qu'elles utilisent des fours à charbon qui dégagent une chaleur dans le sol sur un périmètre de plus de 20 mètres ! Le feu détruit la terre. Sur ce périmètre vous ne pouvez plus planter de manioc."
Idriss Mbouka, chercheur et spécialiste en géomorphologie (étude des reliefs), est du même avis : "La pratique des fours à charbon occasionne le déboisement de la forêt et la dégradation des sols. La chaleur de ces fours détruit des éléments minéraux. Il y a de l’argile, le limon, etc. Tout ce qui participe à la cohésion, la richesse du sol."
Le 6 novembre dernier, le ministre de l’Economie forestière et du développement durable, Henri Djombo, citait lors de la 29eme journée nationale de l’arbre, à Brazzaville, la FAO : "Environ 17 000 ha de forêts sont détruites chaque année au Congo, du fait des défrichements occasionnés par l’agriculture sur brûlis, la récolte du bois de chauffe, la production du charbon de bois (...)"

Vingt ans et aucun changement...
Une préoccupation qui ne date pourtant pas d'hier... En 1994, déjà, Jean-Pierre Banzouzi, anthropologue, Dr en sciences sociales de l’Université Libre de Bruxelles, indiquait dans son livre "Imaginaire et quotidien à travers le discours du kiosque à Brazzaville" : "Le département du Pool déverse sur Brazzaville en moyenne 125 000 tonnes de bois et 21 000 tonnes de charbon tous les deux ans, correspondant à une déforestation d’environ 3 000 hectares (…) Le seul commerce de bois de chauffe et de charbon rapporte près de 5 milliards de Fcfa (7,6 millions d'€) à la région. A cette allure, si l’on y prend garde, le Pool pourrait être décimé dans les cinquante ans à venir et devenir un désert."
Vingt ans sont déjà passés et rien ou presque n'a changé sur le terrain. Yolande Malonga, cultivatrice à Linzolo, un village de 2 000 habitants à 30 km au sud-ouest de Brazzaville, en est bien consciente : "Certes l’usage des fours à charbon détruit la forêt, mais faute de travail à Linzolo, les jeunes survivent grâce à cette activité. Si nous leur disons de l’abandonner, nous aurons des problèmes avec eux. Nous subissons actuellement des conséquences au niveau de la production agricole mais nous n'y pouvons rien..." Marthe Konda, une autre paysanne de Linzolo, mère de quatre enfants, observe la même chose dans son champ : "Quand nous allons planter les boutures de manioc, elles ne poussent plus à cause des dégâts causés par la chaleur des fours à charbon. Nous avons de mauvais rendements aujourd’hui."

"Coopératives, agriculture, élevage"
Certains sont cependant conscients des dégâts que cause leur action sur l’environnement. Par exemple, Michel Bienvenu Dianzenza, 33 ans, charbonnier (fabriquant de charbon de bois), depuis 12 ans. Comme ses collègues, son travail consiste à acheter des espaces de forêts auprès de propriétaires fonciers, y abattre des arbres, les couper, les placer dans une fosse qu’il recouvre de terre (four) puis d'y mettre le feu. Après une semaine, il revient pour sortir le charbon du four, prêt à la vente. Père de famille, Michel espère changer de métier dès que possible. "Je fais ainsi vivre ma famille. Mais, si je trouve aujourd’hui un travail qui me rapporte 50 000 Fcfa (75 €) par mois, je vais abandonner le charbon. Cette activité nécessite non seulement de l’argent, mais est aussi très dure…"
Selon Emmanuel Vital Makoumbou, chef du village de Linzolo, avant la guerre de 1997, cette pratique n'était pas encore aussi courante dans son département. Il demande à présent à l’Etat de "relancer des coopératives, former des jeunes aux techniques agricoles et d’élevage, les financer, comme piste de sortie pour ces derniers." Faute de quoi, les jeunes continueront à penser que fabriquer le charbon de bois est la seule façon de gagner leur vie...


Jean Thibaut Ngoyi

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