Crises scolaires et universitaires
Crises scolaires et universitaires
mercredi 17 octobre 2012, par Bendré
Toutes les versions de cet article :
français Une malédiction nationale
Le jeudi 11 octobre à Koudougou, les élèves et les étudiants étaient en vadrouille pour raison de grève de 48 heures décrétée par l’Union générale des étudiants Burkinabé (UGEB). Cette grève a concerné les universités publiques du pays et la diaspora estudiantine. Le motif de l’ire des étudiants est lié aux sanctions infligées par le conseil de discipline de l’Université de Koudougou à 16 étudiants. Tout le monde se demande déjà, et avec légitimité, de quoi demain sera fait. On attendra de voir les décisions de l’UGEB en début de semaine mais on peut déplorer qu’un pays qui a connu une crise assez grave, il y a de cela quelques mois, ne puisse pas tirer une bonne leçon de l’histoire. Il ne s’agit, ni de défendre, ni d’incriminer qui que ce soit. Cependant, chacun doit accepter se mirer. Les étudiants et leurs structures associatives, l’UGEB en tête, ne sont pas idiots. L’administration de l’université de Koudougou n’est pas idiote. Loin s’en faut. Autrement dit, chacun sait ce qu’il fait et en mesure les conséquences.
Les acteurs sont en train de faire un braquage, sans dissimulation aucune, sur une situation plutôt gérable dans une discussion franche et sincère. Malheureusement, nous sommes en face d’un entêtement moulé dans une espèce de radicalisme qui n’a pas droit de citer, surtout quand on a traversé des eaux aussi troubles que les manifestations dramatiques de l’année dernière. Bref ! La crise qui sévit à l’université de Koudougou est une manifestation des conditions pitoyables dans lesquelles est plongé le monde universitaire public. Les conditions sont telles que les règles académiques ne sont ni appliquées (ou insuffisamment appliquées), ni applicables. Il est effectivement suicidaire collectivement dit, de vouloir être " puriste " dans un milieu de colmatage, de saut d’humeur, de désordre où les acteurs semblent se complaire dans la débrouillardise, à telle enseigne qu’il serait moins intelligent d’incriminer les professeurs ou les étudiants. On est embarqué dans un chaos universitaire.
Le Premier ministre Luc Adolphe Tiao avait pris la mesure du problème en demandant la mise en place d’une commission ad hoc pour réfléchir à comment solutionner les problèmes de l’université, notamment comment revenir à des calendriers normaux sur le plan académique. Jusqu’à présent, rien n’a été dit par rapport au travail qui devrait être fait. Sinon pour l’instant, on a le droit de partager les inquiétudes de notre ami Le Fou, chroniqueur du journal Le Pays. On assiste à un bourrage de crânes dans nos universités. Les enseignants souffrent. Les étudiants souffrent. Chacun porte sa croix. On semble regarder, impuissant.
Pour revenir à la crise de l’Université de Koudougou, à quoi on peut greffer la situation confuse de Pouytenga, on peut estimer que le Burkina a mal en ses enfants, élèves et étudiants. C’est presqu’une malédiction. Dans la commune de Pouytenga, deux douaniers ont poursuivi et fait accidenter deux élèves à moto. Un travail inutile et purement nocif. Comme ce qui s’est passé à Koudougou en février 2011, les autorités locales au niveau de la province ont nié les faits que les douaniers aient poursuivi les deux jeunes élèves. Une note a été publiée par le Service d’information du gouvernement dans ce sens sans attendre une enquête qui pourrait rassurer tout le monde. Il y a là encore le risque, et c’est l’interprétation que l’on peut avoir, que les sorties des autorités sont traitées de mensonge par les élèves qui se sont déjà mobilisés pour réclamer justice. C’est une maladresse en termes de communication qu’il faut savoir éviter, la question est de savoir si certaines personnes ont les " facultés nécessaires pour prendre en compte cette dimension dans des situations de crise impliquant les élèves ou les étudiants.
Dans les universités et les écoles, le Burkina Faso a plus que jamais besoin d’un nouvel ordre de gouvernance, d’un nouveau paradigme d’approche pour la résolution des crises. En cela, chacun doit faire des sacrifices en laissant dans les bureaux, les maquis et dans les domiciles, les considérations d’égo, radicalistes, jusqu’au boutistes. En revenant au Premier ministre, son arrivée avait coïncidé avec une rupture avec certaines pratiques. On a l’impression actuellement qu’il y a de la reculade quelque part. Les démons semblent vouloir reprendre du poil de la bête. Alors vigilance ! On a tous intérêt sauf peut-être ceux qui ont des motivations autres que l’intérêt supérieur de la nation.
Par Bendré
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français Une malédiction nationale
Le jeudi 11 octobre à Koudougou, les élèves et les étudiants étaient en vadrouille pour raison de grève de 48 heures décrétée par l’Union générale des étudiants Burkinabé (UGEB). Cette grève a concerné les universités publiques du pays et la diaspora estudiantine. Le motif de l’ire des étudiants est lié aux sanctions infligées par le conseil de discipline de l’Université de Koudougou à 16 étudiants. Tout le monde se demande déjà, et avec légitimité, de quoi demain sera fait. On attendra de voir les décisions de l’UGEB en début de semaine mais on peut déplorer qu’un pays qui a connu une crise assez grave, il y a de cela quelques mois, ne puisse pas tirer une bonne leçon de l’histoire. Il ne s’agit, ni de défendre, ni d’incriminer qui que ce soit. Cependant, chacun doit accepter se mirer. Les étudiants et leurs structures associatives, l’UGEB en tête, ne sont pas idiots. L’administration de l’université de Koudougou n’est pas idiote. Loin s’en faut. Autrement dit, chacun sait ce qu’il fait et en mesure les conséquences.
Les acteurs sont en train de faire un braquage, sans dissimulation aucune, sur une situation plutôt gérable dans une discussion franche et sincère. Malheureusement, nous sommes en face d’un entêtement moulé dans une espèce de radicalisme qui n’a pas droit de citer, surtout quand on a traversé des eaux aussi troubles que les manifestations dramatiques de l’année dernière. Bref ! La crise qui sévit à l’université de Koudougou est une manifestation des conditions pitoyables dans lesquelles est plongé le monde universitaire public. Les conditions sont telles que les règles académiques ne sont ni appliquées (ou insuffisamment appliquées), ni applicables. Il est effectivement suicidaire collectivement dit, de vouloir être " puriste " dans un milieu de colmatage, de saut d’humeur, de désordre où les acteurs semblent se complaire dans la débrouillardise, à telle enseigne qu’il serait moins intelligent d’incriminer les professeurs ou les étudiants. On est embarqué dans un chaos universitaire.
Le Premier ministre Luc Adolphe Tiao avait pris la mesure du problème en demandant la mise en place d’une commission ad hoc pour réfléchir à comment solutionner les problèmes de l’université, notamment comment revenir à des calendriers normaux sur le plan académique. Jusqu’à présent, rien n’a été dit par rapport au travail qui devrait être fait. Sinon pour l’instant, on a le droit de partager les inquiétudes de notre ami Le Fou, chroniqueur du journal Le Pays. On assiste à un bourrage de crânes dans nos universités. Les enseignants souffrent. Les étudiants souffrent. Chacun porte sa croix. On semble regarder, impuissant.
Pour revenir à la crise de l’Université de Koudougou, à quoi on peut greffer la situation confuse de Pouytenga, on peut estimer que le Burkina a mal en ses enfants, élèves et étudiants. C’est presqu’une malédiction. Dans la commune de Pouytenga, deux douaniers ont poursuivi et fait accidenter deux élèves à moto. Un travail inutile et purement nocif. Comme ce qui s’est passé à Koudougou en février 2011, les autorités locales au niveau de la province ont nié les faits que les douaniers aient poursuivi les deux jeunes élèves. Une note a été publiée par le Service d’information du gouvernement dans ce sens sans attendre une enquête qui pourrait rassurer tout le monde. Il y a là encore le risque, et c’est l’interprétation que l’on peut avoir, que les sorties des autorités sont traitées de mensonge par les élèves qui se sont déjà mobilisés pour réclamer justice. C’est une maladresse en termes de communication qu’il faut savoir éviter, la question est de savoir si certaines personnes ont les " facultés nécessaires pour prendre en compte cette dimension dans des situations de crise impliquant les élèves ou les étudiants.
Dans les universités et les écoles, le Burkina Faso a plus que jamais besoin d’un nouvel ordre de gouvernance, d’un nouveau paradigme d’approche pour la résolution des crises. En cela, chacun doit faire des sacrifices en laissant dans les bureaux, les maquis et dans les domiciles, les considérations d’égo, radicalistes, jusqu’au boutistes. En revenant au Premier ministre, son arrivée avait coïncidé avec une rupture avec certaines pratiques. On a l’impression actuellement qu’il y a de la reculade quelque part. Les démons semblent vouloir reprendre du poil de la bête. Alors vigilance ! On a tous intérêt sauf peut-être ceux qui ont des motivations autres que l’intérêt supérieur de la nation.
Par Bendré