Ibovi découvre l’état des hôpitaux de Brazzaville
C’est à croire que son prédécesseur (un professeur en pédiatrie pourtant) ne « foutait » rien ».
Il y a en effet de quoi se poser la question, après la tournée d'inspection des hôpitaux de la capitale (voir les images) qu'a effectuée la semaine dernière François Ibovi, le nouveau ministre de la Santé, et surtout du constat, amer, qui en a résulté.
La presse congolaise en fait les titres en ce début de semaine. Comme si la misère des hôpitaux congolais constitue une découverte, une nouveauté.
En tout cas, aussi bien au CHU de Brazzaville, plus grand hôpital du pays que dans quelques autres établissements comme ceux de Bacongo ou de Makélékélé, il apparaît que les maux depuis longtemps décriés par la population et qui font chaque jour des victimes dans ces mouroirs persistent. « Les appareils qui sont ici sont déjà hors d’usage pour certains », se serait indigné le ministre au centre hospitalier de Mpissa à Bacongo, où certains bâtiments, inachevés, ne répondraient même pas aux normes.
Dans les autres établissements le constat est tout aussi alarmant.
Ici, le nouveau ministre fait part de sa déception devant le vieillissement et le manque de matériel de travail, les mauvaises conditions de travail des agents, le mauvais traitement des malades (notamment quand il a vu une femme venue au centre hospitalier à 8 h du matin pour faire soigner son enfant et qui attendait encore le médecin à 16 h)…
Là, c’est la découverte du manque d’hygiène hospitalière, le non-respect de la mesure sur la gratuité de la césarienne ou des soins contre le paludisme décidée pourtant en grande pompe lors d’un grand discours, par le chef d’Etat.
Là encore, c'est un équipement flambant neuf pour nouveau-nés qui lutte contre la rouille faute d'avoir jamais été utilisé depuis quatre ans, par manque de spécialiste...
Quelle est la cause de ce désastre ? Pour le ministre c’est moins un manque de moyens financiers dont souffrirait en particulier le CHU qu' « un problème de volonté des dirigeants et agents de ce centre ».
Fort bien. « Alors on fait quoi ? », comme diraient les Ivoiriens. Nommer des gestionnaires formés, compétents et responsables pour diriger ces établissements ? N'y pensez même pas car les critères de recrutement obéissent à des lois obscures.
Pour relever ce secteur peut-être conviendrait-il d'appeler à l’aide Denis Christel Sassou N’Guesso. En effet, presqu'au même moment qu'Ibovi, ce brave garçon, lors d’une visite à l’École militaire préparatoire Général-Leclerc (dont il fut naguère l’élève) déclarait : « Je m'engage à accompagner le commandant de l’école pour la modernisation et l’équipement du centre de santé, mais aussi de la salle informatique ».
Plus sérieusement, dans ce domaine il y a à craindre pour nos populations que l'avenir soit sombre pour longtemps, car tant que les nantis aspireront à aller mourir à Paris ou à Rabat, il y a peu de chance que ça change !
A lire absolument, ce témoignage poignant : Un jour à l'hôpital