Explosions du 4 mars : le cash sans la justice ?
Afin de calmer l’exaspération des familles des victimes des explosions du 4 mars dernier et notamment celles des Talangaï qui avaient menacé il y a peu d’occuper les bâtiments publics à l’approche de la saison des pluies, le gouvernement vient d’annoncer un train de mesures sous forme d’espèces sonnantes et trébuchantes.
C’est Gilbert Ondongo, nouveau ministre d’Etat, chargé de l’économie, des finances, du plan, du portefeuille public et de l’intégration (ouf !) qui a annoncé ce 1er octobre les décisions gouvernementales en la matière.
Il a donc été décidé que l’Etat congolais allouera :
- 25 millions de francs CFA aux familles (soit un peu plus de 38 000 euros) pour chaque personne décédée lors des explosions du dépôt d’armes et de munitions du camp des blindés à Mpila.
- 140 000 francs CFA (214 euros environ) par mois pour chaque personne invalide d’un ou de deux membres.
L’allocation de 25 millions de francs CFA concernerait un peu plus de 200 morts officiellement recensés par les autorités et celle de 140 000 francs CFA serait versée aux 47 personnes invalides enregistrées.
A ce jour environ 20 000 personnes auraient déjà bénéficié de l’allocation d’urgence pour un coût global de 66 milliards de francs CFA (plus de 100 millions d’euros, sauf erreur) versée aux 2.500 blessés et 17.000 sans-abris (chiffres officiels).
Quant à l’enquête sur les causes des explosions, il semble que le pouvoir ne soit pas pressé de la rendre publique. Gageons que, comme lors de la mascarade de procès des « Disparus du Beach », nous sommes bien partis pour qu'on nous serve à nouveau la trouvaille juridique de la condamnation d'un Etat coupable mais sans agents ou fonctionnaires responsables, et que tous ces morts pour rien n'aient été que la victime de la « bêtise humaine ». C'est vrai en effet que pour qui recherche l’infini au Congo, c’est de ce côté-là (celui de la bêtise généreusement et équitablement partagée sous ces latitudes) qu’il faut surtout regarder. Une application, in concreto, de la théorie sassouiste selon laquelle " dans ce pays on ne punit pas n'importe comment "...
On le voit, la justice au Congo, c’est d’abord et surtout du cash, tant il est vrai que les peines du cœur font moins mal que celles du portefeuille.