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Elections couplées legislatives municipales 2012

Publié le 2/11/2013
Elections couplées legislatives municipales 2012 vendredi 21 décembre 2012, par Bendré

Toutes les versions de cet article :

français En attendant le vote… des bêtes sauvages en 2015

En août 1998, Ahmadou KOUROUMA publiait son troisième ouvrage intitulé « En attendant le vote des bêtes sauvages ». Cette œuvre est une satire ; une critique et un catalogue des pratiques de la fin du XXème siècle en politique africaine. Cet ouvrage se termine par ce véritable pied de nez aux Timoniers, Pères fondateurs, Espoirs de leur peuple, ou Pétrole de pays sans pétrole « Vous préparerez (…) des élections au suffrage universel supervisées par une commission nationale indépendante. Vous briguerez un nouveau mandat avec la certitude de triompher, d’être réélu. Car vous le savez, vous êtes sûr que si d’aventure les hommes refusent de voter pour vous, les animaux sortiront de la brousse, se muniront de bulletins et vous plébisciteront. ». Cette assertion, le Burkina Faso l’a pratiquée depuis 1991 et la mise en place du « tuk-guili » jusqu’en 2002 et les reformes issues de la crise sociopolitique liée au quadruple assassinat de Sapouy. Une fois la crise calmée, comme le père de la nation Koyaga dans « En attendant le vote des bêtes sauvages » dans l’ouvrage de KOUROUMA, le Faso retrouve ses bonnes et vieilles habitudes et 2011 nous ramène à nos réalités du « tuk-guili ». Les élections couplées qui viennent de s’achever auraient dû marquer la fin du vote des bêtes sauvages. Mais la situation de la région du Centre avec les forts soupçons de fraudes amenant la CENI à proclamer les résultats de tout le Faso avant ceux de Ouagadougou montre qu’une fois encore la tentation a été forte de faire voter « les bêtes sauvages ». Il nous faut éviter de pérenniser cette situation pour ne pas connaître le recul de 2007. Il faut faire les constats de ces élections et ainsi que de leurs résultats et accepter d’en tirer des enseignements qui donneront lieu à des décisions opérationnelles dans les mois et les jours à venir.

La victoire qui sent le souffre pour le CDP

Le Congrès pour la Démocratie et le Progrès est le vainqueur de ces élections. Il a réussi malgré les secousses internes à s’assurer une majorité confortable qui, avec les « partis coépouses », donne au Président Compaoré une majorité suffisante pour exécuter son programme pour un Burkina émergeant. Le CDP a réussi à sortir du piège des « conseillers » anciens caciques qui mis à l’écart pouvaient être des boulets à ses chevilles. Parfois par la ruse et la fourberie (redécoupage des villes de Bobo et Ouagadougou) il se maintient au cœur même des zones qui lui étaient les plus défavorables. Cette victoire est le fruit de la débauche de moyens, du jeu des influences et de pressions diverses, de tricheries parfois mais aussi de l’engagement de certains de ces leaders, de leurs poids réels sur l’échiquier (financiers et sociétal) et de la nature même du fichier électoral. Le nième report des résultats du Kadiogo, quand ceux de la Gnagnan ou du Séno sont connus, traduit les relents du vote des bêtes sauvages. C’est l’expression de la trop forte implication personnelle de la famille Compaoré. Les tensions à Ouagadougou sont les fruits d’une volonté de passer en force afin de sauver « la face du petit Président » qui a mené la liste CDP dans cette région, Arthur Kafando illustre inconnu politique n’étant qu’un faire-valoir.

Cette victoire du CDP s’accompagne d’une belle prestation de ces deux autres coépouses du Président Compaoré ADF-RDA (Alliance pour la Démocratie et la Fédération/Rassemblement Démocratique Africain) et UPR (Union pour la République). Ces partis de la mouvance (pour l’U .P.R.) et de la majorité présidentielle (ADF/RDA) réussissent à faire leur tour et à se positionner dans le jeu d’influence qui se prépare sur l’article 37. Par la voie référendaire comme l’annonce le petit président « François Compaoré » le peuple devra trancher la question de l’article 37.

Le fichier électoral est dans tout système électoral la clef du succès. Celui qui maîtrise le fichier gagne les élections. Les derniers soubresauts à L’U.M.P en France nous rappellent cette vérité. La biométrie a réduit les pratiques habituelles de tripatouillage électoral. Elle n’a pas supprimé la fraude au regard de ce qui s’est passé à Noongremassom à Ouagadougou et dans d’autres localités du Burkina Faso. Le contentieux électoral dont les juges auront à connaître, apportera des solutions ou pas à ces situations. Mais il faut pour que 2015 soit différent de 2012, que les partis de l’opposition amènent la CENI à annualiser l’inscription sur la liste électorale et que ces partis y fassent inscrire leurs militants. Dans notre fichier même biométrique, l’importance de l’électorat qui se reconnait CDP ou qui a été poussé à s’inscrire par le CDP est largement au dessus des 60%. Il est donc difficile de faire mieux que ce qu’on a comme résultat. De plus, les partis de l’opposition ne croyant pas à l’effectivité et aux capacités de la biométrie à amener une transparence des scrutins ni à l’envie des populations de s’exprimer par les urnes, n’ont pas eu de véritables stratégies pour inscrire leurs électeurs sur les listes électorales. Ils se rendent compte, aujourd’hui avec le taux de participation, qu’ils avaient le changement à portée des urnes si et seulement si une véritable stratégie d’inscription sur les listes électorales avait été initiée. le CGD, le Centre pour la Gouvernance Démocratique le rappelait dans une de ces nombreuses enquêtes pas suffisamment utilisées par notre classe politique (par incompétence ou par inconséquence) que si les Burkinabé semblaient se désintéresser de la chose politique, ils étaient intéressés par plusieurs aspects de la vie de la nation. 4 426 051 personnes se sont enrôlées. Il restait donc à la date de 2012, 45 % de non-inscrits.

L’émergence de l’UPC

L’U.P.C (Union pour le Progrès et le Changement) de Zéphirin DIABRE devient la première force de l’opposition. Ce succès est le fruit d’une stratégie savamment mise en place depuis le Forum pour l’Alternance en 2009 et qui doit permettre en 2015 à Zéphirin DIABRE d’être candidat aux présidentielles. Ce parti qui a mis des moyens financiers et organisationnels à la hauteur de ceux du CDP devra être plus fédérateur et plus ouvert au dialogue avec les partis de l’opposition. Son président et futur Chef de file de l’Opposition a la réputation à tort ou à raison d’avoir une suffisance et un regard parfois condescendant sur les autres partis d’opposition.

S’enfermer dans la tour de ce succès d’estime ne pourra que nuire aux desseins du nouveau chef de file de l’Opposition. Car ces scrutins ont vu également les partis de l’opposition s’écrouler. Sur les 74 en liste pour les législatives, moins d’une dizaine se retrouve à l’Assemblée Nationale. Il est vrai que pour les municipales les partis comme l’UNIR/PS (Union pour la Renaissance/ Parti Sankariste), le PDS/METBA (Parti pour la Démocratie et le Socialisme/Parti des Bâtisseurs) réussissent des percées significatives avec le substantiel d’avoir quelques mairies urbaines et rurales dans leurs escarcelles. Mais l’émergence de l’UPC dont le Président Fondateur est un ancien du C.D.P, ministre des finances et Président du Conseil Economique et Social sous Blaise COMPAORE peut être l’espoir pour que certains cadres du CDP notamment avec le forcing sur l’article 37 qui s’annonce, franchisent le pas et passent à l’opposition. Il reste que la déculottée des partis mouvanciers comme de l’opposition pose la question de la loi sur les partis politiques et leur financement. A l’exception de l’ODT (Organisation pour la Démocratie et le Travail), de la CNPB (Convention Nationale pour le Progrès du Burkina) de la CFD/B (Convention des Forces Démocratiques du Burkina), de l’UNDD (Union Nationale pour la Démocratie et le Développement) du RDB (Rassemblement pour le Développement du Burkina) la soixantaine de partis politiques restant n’a pas eu le moindre député.

La situation des élections municipales est certes différente mais il se pose la délicate question de la loi sur les partis politiques et la question des candidatures indépendantes. Créer un parti pour faire élire un conseiller municipal mérite que pour les prochaines élections législatives et municipales cette question soit définitivement tranchée. Un financement a posteriori, avec une évaluation du coût estimatif d’une campagne électorale par candidat selon les réalités burkinabé tant pour éviter les escroqueries constatées par les partis spécialistes de candidatures pour capter le financement public que ces sommes exponentielles dépensées par le C.D.P et l’U.P.C.

Une CENI mi-figue mi-raisin

La CENI est souvent mise au pilori et pourtant elle a en partie réussi son pari. Il y a eu l’entêtement du calendrier. Il y a eu les retards à l’allumage de l’enrôlement. Il y a eu ces couacs dans la mise à disposition des moyens financiers tant pour l’enrôlement biométrique que pour le déploiement des bureaux de vote. Elle a fait montre d’un engagement qui ne compense pas ses errements (notamment sur le cas Gourcy) mais qui laisse augurer un meilleur avenir si certains éléments sont pris en compte. La question des compétences humaines a été le maillon faible de l’opérationnalité de la CENI et de la transmission des résultats. Durant tout le processus de l’enrôlement biométrique au traitement de résultats les compétences humaines ont juré d’avec l’effort fait pour obtenir au niveau matériel et institutionnel les garantis pour des élections transparentes et équitables. La crise de la Région du Centre est la plus forte expression de cette situation qui peut- être observée dans toutes les régions à des degrés d’incidence différents. Il y a nécessité de tirer enseignement de cette situation et de mettre en place une véritable institution électorale.

Cette mise en place passe par une relecture de la situation du personnel permanent de la CENI à la capitalisation de toutes les personnes formées dans le cadre du processus : des présidents des structures décentralisées de la CENI, aux différents assesseurs dans les bureaux de vote, plus de 2 milliards de francs CFA ont été injectés pour leur formation. Il serait risible et ridicule de devoir dans les trois ans à venir, injecter autant d’argent pour former à nouveau ce même personnel. Il est donc nécessaire de mettre en place une véritable banque de données (fiches individuelles, cours et remise à niveau pour ce personnel temporaire). Il y a nécessité de relire le code électoral afin que la question des présidents des Commissions Electorales Provinciales Indépendantes (CEPI (soit définitivement réglée en faisant d’eux un personnel permanent de la CENI. Les cafouillages observés à Fada avec la disparition de 5.000 bulletins ; les tensions à Ouagadougou ou le délicat décompte calamiteux de Bobo (entre autres incidents) sont de la responsabilité des présidents de CEPI incapables de sortir de leur appartenance à un parti politique. La CENI aura beau faire son travail, tant que ce maillon essentiel de l’administration du scrutin lui échappera on aura droit aux situations de ces élections couplées. Cela est d’autant plus nécessaire que désormais un certain nombre d’activités comme les inscriptions sur les listes électorales doivent devenir systématiques et annuelles. Pour les administrer, la CENI aura besoin d’un personnel formé et disponible, mais surtout, dégagé des pesanteurs politiques.

Pour 2012, les jeux sont faits, en espérant que les proclamations des résultats de la région du centre ne jettent pas le discrédit sur tout un processus coûteux et porteur d’espoir. Reste 2015, en attendant le vote… transparent des Burkinabè de l’intérieur et ceux vivant à l’étranger : un autre défi !

Par TRAORE Famaghan

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