Issoufou Lankondé
Issoufou Lankondé est né le 4 juillet 1954 à Winditane. Passionné de dessin depuis son enfance il s’oriente vers la sculpture après une visite au CCFN de Niamey. Sa toute première sculpture il l’a réalise en 1969 pour une exposition au Centre Culturel Américain de Niamey qui se trouvait à l’époque à coté du Grand Marché. Il enchaine ensuite des expositions au CCFN de Niamey et de Zinder et à l’institut canadien des arts tout enenseignant les arts plastiques au Lycée Issa Béri et à l’INJS
Grâce à ses expositions il expose un peu partout dans le monde avant de partir se perfectionner en 1974 à l’école des beaux arts et des arts industriels à Bourges (France). Il étudiera également au musée de paléontologie et à l’école des beaux arts de Tours (France).
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Les œuvres d’Issoufou Lankondé parsèment les rues des villes du Niger. On lui doit notamment le cheval de Diffa, les bustes d’Oumarou Ganda au CCOG et de Boubou Hama au musée national de Niamey, le porte drapeau et la fontaine de la DST, le portail de l’hôtel de ville de Niamey. Il est également l’auteur des girafes du musée national de Niamey et de l’hôtel de l’amitié de Tahoua ou encore de la sculpture de la vierge Marie à la Cathédrale de Niamey et de la sculpture du franc CFA dans l’enceinte de la BCEAO.
En 2007 il participe à un immense rassemblement de sculpteurs à Changesin en Chine où il remporte une médaille pour son chamelier touareg grandeur nature. En décembre 2008 il est décoré officier des palmes académiques par le président de la république du Niger.
Issoufou Lankondé travaille actuellement pour la création de la première école des Beaux Arts du Niger qui sera localisée à Balleyara.
FOFO : Parlez-nous de la future école des Beaux Arts.
LANKONDE : En fait trois écoles vont voir le jour au Niger grâce aux efforts du Ministère de la Culture : l’institut National des Arts qui sera dirigé par l’Etat, l’école de la Mode d’Alphadi et l’école des Beaux Arts dirigée par moi-même. L’école des beaux arts sera construite à Balleyara car les bailleurs de fonds ont jugé qu’elle devait être hors de Niamey. On y dispensera des cours dans toutes les disciplines dérivés des beaux arts. Ça sera un internat et des bourses d’étude seront attribuées aux meilleurs élèves.
L’un de mes objectifs est d’aider les enfants des rues en les envoyant dans cette école.
Pour cette école l’Etat m’a donné un terrain de 10000 m2etun autre de 15000 m2 pour créer un musée de la préhistoire ou j’ai l’ambition de reproduire en sculpture les animaux des temps passés.
FOFO : Comment se portent les Arts Plastiques au Niger ?
LANKONDE : Je suis une des personnes qui œuvre pour le développement de tous les domaines dérivés des arts plastiques. Il y a des artistes très compétents au Niger dans plusieurs domaines.J’encourage fortement les Tréteaux du Niger car ils œuvrent pour le développement de la culture. Toutes les disciplines y sont enseignés : le conte, la musique, la danse, le théâtre, les marionnettes, la peinture, la sculpture, la couture et même les arts martiaux. L’Etat devrait subventionner cet espace afin de l’appuyer dans son programme de promotion et de développement des activités culturelles et sportives. Le musée national est également à encourager. On y enseigne pas mal de métiers mais malheureusement pas le dessin ni la sculpture.
Quelques sculpteurs nigériens sont entrain d’émerger, par exemple celui qui a fait le lion devant le siège de l’USN (Union des scolaires nigériens) ou celui qui a fait l’effigie de Djibo Bakari à la devanture de la mairie. Il y a aussi celui qui a fait le buste de Abdou Moumouni à l’université. J’encourage vraiment ces artistes et les exhorte à mettre beaucoup de soin dans leurs travaux. Les artistes n’ont pas besoin de doctorats, ici au Niger nous avons des artistes renommés qui ne parlent même pas le français. Dans l’art ce que l’on veut c’est des personnes capables de s’exprimer à travers leur travail, des personnes possédant leur propre style. Prenons l’exemple de Rissa Ixa, on reconnaît tout de suite ses tableaux, c’est ça la chose la plus importante. Il faut tout d’abord être passionné par son art avant de se revendiquer artiste. Il ne faut pas tout de suite penser à l’argent.
FOFO : Que faudrait-il faire pour améliorer les choses ?
LANKONDE : Ça serait bien que les artistes nigériens puissent dispenser des cours dans les établissements scolaires. Je souhaite vraiment que l’Etat du Niger instaure l’enseignement des arts plastiques dans le cursus scolaire. Au Niger les gens ne prennent pas soin du patrimoine et des biens nationaux. J’étais à Tahoua récemment et j’ai vu que ma sculpture du capitaine Issoufou Marafa est dans un état déplorable, même au musée ils sont incapables de reprendre la peinture de la girafe. Les centres culturels des ambassades doivent ouvrir en leurs seins des ateliers de formation aux différents métiers du monde des arts. L’ancien ambassadeur de France au Niger aimait beaucoup la sculpture et il a beaucoup appuyé les sculpteurs nigériens, notamment Boubé qui vit désormais en France.
Moi l’Etat m’a beaucoup aidé mais l’Etat et les artistes c’est un peu comme un père et ses enfants, il y’a toujours un préféré que vous appuyez et d’autres que vous négligez. Je suis convaincu que l’Etat fait de son mieux, il a même décoré de nombreux artistes comme Zalika Souley ou encore Yazi Dogo. Ça me fait vraiment plaisir de voir des artistes évoluer à l’image de Denké-Denké ou de Alphadi.
FOFO : Parlez-nous de vos sculptures.
LANKONDE : Vous savez il y’a beaucoup de techniques de sculpture. Généralement on commence à réaliser nos œuvres à la cire par un système de moulage ce qui permet de reproduire l’œuvre dans n’importe quel matériaux par la suite. Moi je me suis spécialisé dans les sculptures monumentales. Nous ne sommes que deux au Niger à savoir pratiquer cette technique, moi et Boubé. Quand je regarde mes œuvres passées et celles d’aujourd’hui je trouve une grande différence. Faire un portrait c’est l’œuvre la plus difficile a réaliser. Lorsque l’on fait des portraits soit le modèle est à coté de vous, soit vous avez une photo de celle-ci. Si tu veux vraiment réussir dans l’art en Afrique et que tu n’as pas un style propre c’est très intéressant de faire des portraits parce que tu peux toujours t’en sortir. J’ai eu à faire cette expérience lors de mes voyages, de ville en ville on cible quelqu’un de bien, on sculpte son portrait, on gagne un peu d’argent et on continu son chemin…
FOFO : Est-ce que la sculpture nourrit son homme ?
LANKONDE :Au Niger l’art ne nourrit vraiment pas son homme. Même si on peut gagner des marchés de millions de CFA ce n’est pas tous les jours, on peut faire une année à se contenter de petits marchés à 10.000 Fcfa… Pour être artiste il faut vraiment de la patience ! Il faut créer seulement, toujours et sans arrêt. En peinture ou en sculpture là où nous avons de vrais difficultés c’est au niveau des devis, à chaque fois que nous présentons un devis les concernés ne prennent en compte que les dépenses que nous avons fait pour le réaliser, il ne voient pas la valeur du monument ! Imaginez un tableau de Picasso, ça se vend à des milliards pourtant quand il l’a peint ça ne lui a couté que la toile et la peinture…
Lors de commandes on peut facilement devenir esclave dans le sens où on t’impose les caractéristiques de l’œuvre que tu dois réaliser, c’est comme dans l’armée, on te dis que c’est comme ça et toi tu dois accepter. Par exemple vous m’amenez votre logo et moi je remarque des erreurs mais vous vous insistez et au final je suis obligé de le faire comme vous le voulez.
FOFO : Quels sont vos projets ?
LANKONDE : En juillet je suis invité en Chine. Au Niger j’ai beaucoup de projets de sculptures, notamment la réalisation d’un avion grandeur nature et la réalisation du musée préhistorique! Je travaille aussi beaucoup sur la construction de l’école.
Pour contacter Issoufou Lankondé :
lankoandeissoufou@yahoo.fr
mardi 21 juin 2011