A 1 mois de l’inhumation définitive du Gal Guéï La visite de Gbagbo à Kabakouma livre des secrets
* Comment le chef de l’Etat à séché les larmes des Guéï * Les chantiers dans le village * Les attentes des populations
lundi 27 juillet 2009
par Blaise BONSIE Envoyé spécial à Man
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Deux cent trente (230) millions fcfa. C’est la somme offerte par le Président Laurent Gbagbo à la famille de l’ex-chef de l’Etat, feu le général Robert Guei, lors de son récent passage à Kabakouma, à l’entame de sa visite d’Etat dans l’ouest du pays le 8 juin dernier. Le chef de l’Etat s’était justement rendu dans le village natal du général Guéi pour exprimer sa compassion et son soutien à la famille éplorée. On se souvient ce jour qu’après la cérémonie publique et officielle, marquant cette visite, le président Gbagbo avait invité les membres de la famille biologique de son prédécesseur à une rencontre privée. C’est au cours de ce huis clos d’environ 40 minutes, qui a eu pour cadre la résidence du défunt président, que le chef de l’Etat a séché les larmes de la famille Guéi. Selon des témoins interrogés sur place au cours de notre reportage dans ce village, la famille a dans un premier temps exposé ses préoccupations à son visiteur. Le Président Gbagbo a pour sa part, et séance tenante, remis à chacun des enfants du Général, au nombre de 10 selon nos sources, la somme de 20 millions fcfa. Soit 200 millions fcfa pour les enfants. Les autres membres de la famille élargie aux alliés, ont pour leur part reçu la somme globale de 30 millions fcfa. Ce qui fait une somme totale de 230 millions fcfa que le chef de l’Etat a offert à la famille Guéi pour sécher ses larmes. « A la fin de la réunion, les différentes enveloppes, préparées d’avance, ont été remises à chacun des concernés », nous a confié un proche de la famille, précisant que chacun des villages voisins de Kabakouma, a bénéficié de la gentillesse de la famille qui a fait en sorte qu’ils reçoivent une part des 30millions fcfa. Outre ce don du chef de l’Etat, les discussions lors de ce huis clos ont porté sur les attentes du village. Des attentes qui, selon M. Louan Antoine, frère du président défunt, se résument en la réhabilitation des voies reliant Kabakouma à ses voisins immédiats que sont Kanta et Yégolé. D’ailleurs, pour la réhabilitation de la voie de Yégolé, le président, avant de partir de la région, a remis la somme de deux millions de francs cfa au Conseiller économique et social, Diomandé Vassê, afin qu’il s’en charge. Cette voie que nous avons parcourue est en plein chantier et serait véritablement praticable dans quelques jours. Cependant le bitumage de la quinzaine de kilomètres de piste qui relie Biankouma à Kabakouma en passant par Gouessesso, reste pour la famille du défunt général, l’attente majeure. « Nous avons également sollicité du président Gbagbo qu’il dote le village d’un centre de santé avec un médecin et d’un collège », nous a révélé M. Louan. Ce passage de Gbagbo devra être suivi d’ici la fin du mois d’août de l’inhumation définitive du général Robert Guéi. Cet événement annonce un autre chantier, celui de la destruction dans les touts prochains jours, de la tombe alors construite par l’Udpci (le parti politique fondé par le défunt président) pour exiger l’inhumation de son fondateur sur ses terres. « C’est une ?uvre politicienne qui n’est pas digne d’un chef de l’Etat », a justifié M. Sahi Samangbeu, l’un des membres de la famille du général à Kabakouma. Comme un seul homme, toutes les populations rencontrées n’attendent que le corps de leur fils. « Nous espérons que le président Gbagbo tiendra sa promesse. D’ailleurs, vu tout ce qu’il a déjà promis et fait, nous n’avons plus le droit de douter de lui », nous a dit Dosso Loua Serge, un jeune du village, membre de la grande famille du général. Il n’a pas manqué, comme bon nombre d’habitants, de nous dire son espoir que l’inhumation se fera à la dimension du rang occupé par le défunt président.
Les membres de la famille du général Guéi jugent le passage de Gbagbo à Kabacouma : « Les politiques nous ont utilisés »
Notre passage à Kabakouma nous a permis d’échanger avec les doyens Louan Antoine et Sahi Samangbeu, notables, et membres de la famille du Général Guéï. Dans l’entretien qu’ils nous ont tous deux accordé, en langue locale (le Yacouba NDLR), ils parlent du passage du président Laurent Gbagbo sur leur terre jugée naguère hostile à ce dernier
Vous êtes des parents directs du Général Guéï ; comment avez-vous perçu le passage du président Gbagbo dans votre village ? Il faut dire que l’arrivée du président Gbagbo ici la dernière fois, nous a véritablement réjouis. Nous en sommes satisfaits et nous voudrons lui exprimer par votre biais, toute notre reconnaissance. D’abord pour le soutien qu’il apporte à notre fils Franck (L’aîné des enfants du Général ; NDLR) et aussi pour le fait qu’il soit venu jusqu’à nous. Nous en sommes sincèrement satisfaits. Nous, mais aussi tout le village. Ce qui explique l’unité qui caractérise ce village depuis son passage ici.
Qu’attendez-vous après ce passage du président Gbagbo ? Nous voudrons d’abord souligner que nous sommes satisfaits. Il a accepté, comme nous le lui avons demandé, de venir dans les trois mois qui allaient suivre sa visite, pour enterrer le général ici sur ses terres. Et nous pouvons aujourd’hui vous dire que le site devant abriter la tombe du Général a été identifié. Nous attendons maintenant les maçons qui vont s’occuper de la construction. Et nous les attendons véritablement, car nous sommes pressés de voir notre fils revenir sur sa terre natale, même si c’est dans la douleur.
Y a-t-il une unité parfaite dans le village autour de l’arrivée de la dépouille du général ? Nous le disions tantôt, tout le village se réjouit de ce que le corps du général arrive enfin. Et je peux vous rassurer sur la cohésion qui caractérise désormais le village à ce sujet. Et cela, contrairement à ce qui se fait entendre.
Vous disiez tantôt que le site devant abriter la tombe du général a été identifié. Qu’en est-il du caveau qui avait déjà été construit ? La tombe dont vous parlez n’a pas été bien faite. Elle n’est d’ailleurs pas digne du général. Comprenez vous-même qu’elle soit détruite. Ceux qui avaient construit cette tombe sont aujourd’hui couverts de honte. A ce propos, je voudrais vous dire très franchement que tout ce qui se disait de Kabakouma, par rapport à l’inhumation du général, était de la pure invention des politiques. Ils ont tous honte aujourd’hui. Si le corps du général devrait venir, accompagné d’illustres personnalités de ce pays, les gens découvriraient la légèreté avec laquelle ils ont construit cette tombe. C’est pourquoi chaque fois qu’on parlait de l’arrivée du président Gbagbo, ils se mettaient tous à crier : « qu’il ne vienne pas ! », « qu’il ne vienne pas ! ». Franck nous a dit qu’une machine viendra la dégager avant la construction d’une autre plus digne.
Le président est venu, et vous êtes contents. C’est dire<