Guerre Mabri-Blon à l’Udpci Voici le grand gagnant
samedi 25 juillet 2009
par Hamadou ZIAO
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L’Udpci est à la croisée des chemins. Secoué par de nombreuses crises depuis le décès brusque de son père fondateur, feu Robert Guéi, le parti arc-en-ciel peine à retrouver son unité, disons ses couleurs, ternies par une longue crise pour le contrôle du parti, dont l’épisode Mabri-Blon apparaît comme le dernier. Qui va gagner le duel actuel entre le président de l’Union pour la Démocratie et la Paix en Côte d’Ivoire (Udpci), Albert Mabri Toikeusse, et le président du Conseil Général de Man, Siki Blon Blaise, celui que l’on appelle affectueusement « Bulldozer » ? Difficile à dire. Dans tous les cas, la bataille est engagée entre les deux hommes, et un seul devra rester comme l’homme fort du parti de feu Robert Guei. Dans cette bataille, à mort pourrait-on dire, tous les coups sont permis. Les attaques par journaux interposés, les affrontements parfois sanglants sur le terrain, les offensives nocturnes, tout y passe. L’objectif, au final, étant le contrôle du parti, envers et contre quelqu’un. Dans le schéma qu’il est donné de voir actuellement, le président de l’Udpci, Mabri Toikeusse, refuse d’être dompté par un dinosaure du parti, Blon Blaise, désormais acquis à la cause du camp présidentiel et de son champion Laurent Gbagbo. Il y a donc trois têtes dans la bataille. Mabri, Blon et Gbagbo. Les deux premiers sont les protagonistes directs, ceux que l’on voit sur la scène, et le dernier est celui qui tire les ficelles et qui attend la fin pour glaner les lauriers. En effet, le grand gagnant dans cette bataille entre le Bulldozer et numéro 1 de l’Udpci, c’est bien l’actuel chef de l’Etat Laurent Gbagbo. Quelle que soit l’issue de cette ?’ guerre ?’, c’est le président Gbagbo qui s’en tirera à bon compte. Si Blon gagne, le chef de la réfondation aura une partie de l’Udpci avec lui. Si c’est Mabri qui gagne, Laurent Gbagbo aura quand même un morceau du parti arc-en-ciel, notamment les pro-Blon qui sont déjà acquis à sa cause. Pour le moment, l’objectif premier reste le contrôle total et dans toute son entièreté du parti de feu le général Robert Guéi. A un second niveau, et à défaut d’avoir dompté l’Udpci en entier, le chef de l’Etat devra se contenter du morceau que va lui offrir, ou que lui offre déjà le Bulldozer de Man. Gbagbo vide l’Udpci Dans la guerre pour le contrôle de l’Udpci, l’arme fatale reste ce principe bien connu de la politique. A savoir diviser pour régner. Si l’on n’a pas la totalité, on infiltre le bloc afin d’arracher quelques morceaux. C’est ce qu’il est donné d’observer dans les relations entre l’actuel chef de l’Etat et les partis politiques de l’opposition. Du PDCI au RDR en passant par le PIT et l’UDPCI, le président Gbagbo a pêché des hommes. L’actualité reste aujourd’hui focalisée sur le cas du parti arc-en-ciel, qui subit en ce moment les coups du leader de la réfondation. Depuis le décès brusque du père fondateur de l’Udpci, feu le général Robert Guéi, la saignée n’a pas cessé au sein de son parti. Plusieurs cadres de cette formation politique, pour une raison ou pour une autre, ont claqué la porte, et nombreux sont ceux qui ont déposé leur valise dans le camp présidentiel. Certains s’affichent ouvertement et chantent les louanges de Laurent Gbagbo. D’autres, plus subtiles, sont dans l’ombre et travaillent quand même pour le chef de l’Etat. On peut citer pêle-mêle des cadres comme Paul Akoto Yao, feu Paul Guy Dibo, Oulaï Tiabas, Danielle Boni Claverie, Kahé Eric, Bleu Lainé, Tia Monnet, Zamblé Bi Tah, Noutoua Youdé, et récemment Blon Blaise, Gue Pascal, N’Da Aka Eugène et Yao N’Guessan. Tous des cadres du parti de Guéi qui travaillent désormais pour Gbagbo. A l’évidence, l’Udpci version Mabri a été totalement vidé de sa substance. Pis, selon des sources bien introduites, sur les 14 députés que comptait le parti, il ne reste plus que trois députés pro-Mabri. Ce sont notamment Mabri Toikeusse lui-même, député de Zouan-hounien, Woï Messé, député de Biankouma-Gboné et Dan Wélo, député de Danané commune. En clair, le groupe parlementaire Udpci qui constituait, quoi qu’on dise, une force à l’Assemblée nationale, n’existe plus que de nom. L’actuel président du parti arc-en-ciel, on peut le dire, ne dirige plus qu’une coquille vide. Sa représentativité ne pèse plus rien sur le terrain dans la mesure où il a perdu la majorité des élus, qui sont avant tout, les porte-voix des populations. Pour tout dire, Mabri est à la tête de l’Udpci, mais c’est Gbagbo qui dirige le parti. L’actuel chef de l’Etat, dans sa volonté de reconquérir le pouvoir, ne néglige aucun aspect. Il explore toutes les voies capables de le reconduire au Palais présidentiel. Dans les calculs du président Gbagbo, la région ouest reste un pôle déterminant. Après sa remarquable percée dans le centre, le chef de l’Etat lorgne la région des 18 Montagnes. D’où la pêche des cadres et des élus de l’Ouest, qui seront ses relais auprès de leurs populations respectives dans la conquête des voix pour la prochaine présidentielle. Mais également, ces cadres et élus lui assurent à l’avance une bonne assise dans la région et à l’Assemblée nationale, en ce qui concerne les législatives. Ces deux calculs suffisent au président Gbagbo pour casser le parti de Robert Guéi en gardant la substance pour lui. Histoire de conforter sa position avant le scrutin prévu pour le 29 novembre 2009.
Guéi est mort, l’Udpci aussi L’Udpci, en tant que parti politique, n’échappe pas au syndrome du leader charismatique et du père fondateur. Comme on dit de façon vulgaire en Afrique, ?’ c’est celui qui a créé son fétiche, qui sait comment l’adorer ?’. On pourrait dire, ?’ seul Robert Guei qui a fondé l’Udpci, sait comment le gérer ?’. Le parti arc-en-ciel fait en effet les frais du décès brusque, le 19 septembre 2002, de son père fondateur, feu le général Robert Guéi. Tout comme le Pdci, qui a été durement secoué et ne s’est plus vraiment retrouvé depuis le décès de son fondateur feu le président Félix Houphouët Boigny. Tout semble dire qu’en mourant, les pères fondateurs des partis politiques en Côte d’Ivoire, emportent avec eux les secrets de gestion de ces formations politiques. En connaissant les rouages et les hommes pour les avoir recrutés, ces leaders maîtrisent les stratégies et autres astuces à utiliser pour contenir les vents de défection et de déstabilisation qui secouent ces partis politiques. C’est bien souvent que l’on constate que le décès de ces pères fondateurs ouvre la voix à toutes sortes d’aventures. A l’Udpci, la disparition brusque du général Robert Guéi ne semble avoir laissé aucune chance de survie au parti arc-en-ciel. Pour rappel, notons qu’au lendemain de son décès, Paul Akoto Yao, le 1er vice-président du parti, en devient le président intérimaire. Il devrait être légitimé à ce poste par un congrès extraordinaire. Selon certaines indiscrétions, l’arrivée d’Akoto Yao, un Akan à la tête du parti de feu Robert Guei, sera cependant mal perçue par une catégorie de cadres de l’Ouest. Ces derniers voudraient ainsi empêcher que l’héritage politique du fils de Kabacouma échoue dans les mains d’un homme qui n’est pas