Mères célibataires : un quotidien difficile exposé à la stigmatisation sociale - SRTB
Au Bénin, le phénomène des foyers mono-parentaux devient de plus en plus récurrent. Dans la plupart du temps, ce sont des femmes qui assument simultanément les fonctions de père et de mère. Une situation qui est souvent synonyme de précarité et de stigmatisation. Divers cas de figures conduisent les femmes à devenir des mères célibataires. Une grossesse non désirée, la rupture brutale d’une relation amoureuse ou le décès du conjoint en sont quelques-uns.
Devenue mère à 18 ans, Muriel n’était pas destinée à élever seule son enfant. Mais tout a basculé il y a 12 ans pour cette monitrice d’auto-école. Séparée du père de son garçon, la jeune femme est contrainte d’élever son fils seule. Malgré un agenda chargé, elle veille personnellement au bien-être de son fils au quotidien. “Ce n’est pas évident d’être mère célibataire. Je vais le chercher moi-même à l’école pour avoir un œil sur lui et m’assurer qu’il va bien”, confie la jeune dame.
C’est presque le même quotidien que vit également Daria S., responsable d’une agence de voyage. Elle élève désormais plusieurs enfants seule, à la suite de relations conjugales qui ont pris fin. “Être mère célibataire demande énormément d’efforts et de sacrifices. On se consacre entièrement à ses enfants, et cela finit par vous couper du reste du monde”, analyse-t-elle.
Le vide affectif laissé par l’absence du père dans la vie des enfants n’en est pas pour autant comblé. “Quand mon fils revient de l’école, il se plaint de ce que ses camarades de classe ont la signature de leur papa dans les carnets de correspondance et lui non. Ils souffrent de l’absence de leur papa et se comparent à leurs camarades”, fait savoir Daria S., impuissante face au désarroi que vivent ses enfants.
Une société intolérante En plus de partager la peine de leurs enfants qu’elles doivent élever seules, les mères célibataires doivent aussi faire face aux regards souvent accusateurs de la société. Souvent perçues comme des femmes de “mauvaise vie”, les mères célibataires peinent à se remettre en couple. Soit parce que les hommes les rejettent, soit parce qu’elles développent des traumatismes qui les ralentissent à s’engager à nouveau.
Cet état de chose va avoir des dommages psychologiques sur les mères célibataires comme l’anxiété ou l’isolement social, explique Anselme Dossa, psychologue. “Le problème ne réside pas dans le fait d’élever seule ses enfants, mais plutôt dans le devoir d’assumer seule l’ensemble des responsabilités familiales. Cette charge mentale affecte l’estime de soi et peut, à long terme, conduire à la dépression”, précise le spécialiste.
A ces difficultés d’ordre psycho-affectif s’ajoutent d’autres barrières socio-économiques. “Lorsque vous avez besoin d’un appartement, certains propriétaires vous les refusent. Pour eux vous êtes de mœurs légères. Certains voisins refusent même de vous adresser la parole”, témoigne Daria S.. Mais si la vie est loin d’être facile pour Muriel et Daria S., tout comme pour la plupart des mères célibataires, ces dernières refusent d’abdiquer. Déterminées, elles partagent un même espoir : voir leurs enfants réussir aussi brillamment que ceux issus de foyers où les deux parents sont présents.